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Pierre-Romain Thionnet : « Nous assistons à la crépolisation de la France »

Nicolas Guyonnet / AFP

Thomas avait 16 ans, dernier d’une fratrie de trois frères, fils de parents aimants et besogneux, il était lycéen en bac technologique, il jouait au rugby, il faisait de la moto sur les routes de campagne, et il avait de solides amis. En Thomas, nous sommes beaucoup à avoir reconnu notre propre jeunesse, celle de nos petits frères ou de nos amis d’enfance, celle d’une France qui n’est ni à idéaliser ni à plaindre, qui voudrait rester au village mais connaît les attraits de la ville, qui ne rechigne pas au travail et ne renonce pas aux loisirs, qui aime sa petite et sa grande patrie tout en étant perméable aux modes urbaines planétaires.

Thomas est mort, tombé sous les lames d’une autre jeunesse.

La mort de Thomas et l’assaut nocturne macabre font de Crépol bien plus que le nom d’une petite commune de la Drôme et de cet événement bien autre chose qu’une histoire de fêtards éméchés distribuant maladroitement le coup de poing autour du comptoir. Crépol est l’allégorie de l’ensauvagement de la France. Tous les maux que nous subissons semblent s’être donnés rendez-vous précisément ce soir-là et en ce lieu. C’est une pièce dramatique qui s’y est jouée avec ses trois unités de temps, de lieu et d’action. Mais dans le théâtre classique, la présence de sang est proscrite. À la salle des fêtes de Crépol, le sol, les portes, et même les habits ont été maculés du sang des victimes.

Crépol a mis en lumière la réalité
d’une France qui, en paix à l’extérieur malgré les troubles du ...


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