Pierre Palmade : qu’est-ce que la 3-MMC, la drogue consommée par l'humoriste quelques minutes avant son accident

Cette drogue de synthèse, dont certains effets se rapprochent de ceux de la cocaïne ou de la MDMA, est de plus en plus fréquemment consommée depuis la fin des années 2010.

Pierre Palmade en 2015 (Photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP via Getty Images)

Il a pris une "importante quantité" de cette drogue de synthèse le jour du drame. Ce mercredi 20 novembre a débuté le procès de l'humoriste Pierre Palmade, accusé d'avoir provoqué un grave accident de la route le 21 février 2023, alors qu'il était sous l'emprise de stupéfiants. La voiture conduite par le comédien avait percuté un véhicule circulant dans l'autre sens, blessant grièvement les deux occupants, dont une femme enceinte qui avait perdu son bébé à la suite du choc.

Les analyses toxicologiques réalisées sur l'acteur, lui aussi blessé dans l'accident, ont ensuite révélé que celui-ci avait, selon Le Monde, "une importante quantité de cocaïne et de 3-MMC dans le sang" au moment de prendre le volant. Cité par un journaliste de BFM TV, le président du tribunal de Melun (où se tient le procès), a précisé ce mercredi que Pierre Palmade avait pris "de la 3-MMC à 8 reprises durant l'après-midi qui a précédé l'accident. La dernière prise étant 1/2h avant l'accident."

Ce n'est pas la première fois que cette substance fait la une de l'actualité ces dernières semaines. Le 17 octobre, le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat avait été contrôlé sur le quai de la station de métro Lamarck-Caulaincourt, dans le 18ème arrondissement de Paris, en train d’acheter des stupéfiants. L’élu avait ensuite reconnu les faits et annoncé entamer un "protocole de soins". Parmi ces stupéfiants se trouvait plus d’un gramme de 3-MMC, selon Valeurs actuelles.

Cette drogue de synthèse, apparue dans les années 2010, connaît un véritable essor en France, notamment grâce à son prix inférieur à la cocaïne. Souvent associée à d’autres produits lorsqu’elle est consommée, elle fait pourtant chaque année plusieurs morts par overdose.

Une drogue venue des soirées "chemsex"

Malgré son nom trompeur de "nouvelle cocaïne", destiné à faciliter sa vente, la 3-MMC est une drogue stimulante entièrement synthétique. Elle fait partie des cathinones et se présente sous forme de poudre, de cristal ou de comprimés. Les effets recherchés sont "l’euphorie, la stimulation et la libido", rapporte l’OFDT (l’Observatoire Français des Drogues et Tendances addictives).

De plus en plus consommée en Europe, et notamment en France, elle est particulièrement surveillée par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. En 2017, on comptait environ 600 000 usagers par an en France, soit 1,6% de la population. Une preuve que sa popularité s’est étendue au-delà des soirées où elle était le plus consommée au départ : les soirées "chemsex", nées au sein de la communauté gay masculine, où les rapports sexuels se font sous l’emprise de drogues.

Aujourd’hui, il n’est pas rare de croiser des consommateurs en boîte de nuit, en concert ou en festival. Son prix, inférieur à la cocaïne, y est d’ailleurs pour quelque chose : entre 30 et 40 € le gramme, contre 50 à 70€ pour un gramme de cocaïne, précise l’OFDT.

Les risques d’une consommation de 3-MMC sont nombreux : hautement toxique et addictive, elle entraîne des états psychotiques (paranoïa, hallucinations, anxiété, insomnies) et une augmentation de la pression artérielle ou de la fréquence cardiaque. Comme pour la MDMA/ecstasy ou la cocaïne, dont elle reproduit certains effets (euphorie, confiance en soi…etc), ces symptômes peuvent conduire à des malaises, des convulsions, des comas, des infarctus et à la mort.

Le 3-MMC serait responsable de sept morts par overdose en France en 2021, et 27 en Europe selon l’Observatoire Européen des Drogues (OEDT). Depuis le début de l’année 2024, ce sont 12 personnes qui ont trouvé la mort à Paris après avoir consommé des produits stupéfiants, dont de la 3-MMC, rapporte le Parisien. En moyenne, tous stupéfiants confondus, entre 20 et 30 personnes décèdent chaque année par overdose à Paris.

"Ce sont les mélanges de produits, y compris l’alcool et les médicaments, absorbés en moins de 48 heures, qui tuent", détaille l’addictologue William Lowenstein, également président de l’association SOS addictions. Et la 3-MMC – aux côtés du GHB, de la 4-MMC, du GBL ou de la métamphétamine - n’échappe pas à la règle des cocktails fatals.