Pierre Moscovici : « Oui, il est toujours possible d’être juif et de gauche »
On croyait, au départ, à un énième livre d'homme politique venu nous faire l'éloge de son action et l'inventaire des trahisons vécues. Mais, en ouvrant Nos meilleures années* (Gallimard) de Pierre Moscovici, on se laisse happer par un récit de vie singulier, aux échos contemporains.
L'auteur, premier président de la Cour des comptes, narre son enfance parisienne, ses engagements, ses rencontres, son expérience du pouvoir, ses victoires et ses déceptions. Longuement, il évoque la figure tutélaire de son père, Serge, cofondateur des Verts, qui a fui les pogroms en Roumanie, au milieu des années 1940, pour se réfugier en France. Sur plusieurs pages, le fils décrit son rapport à sa judéité, qui se résume à un attachement sentimental et à une histoire familiale parfois douloureuse.
Pierre Moscovici revient également sur le trotskisme de sa jeunesse et le socialisme des années Mitterrand, Jospin et Hollande. L'ancien député du Doubs doit beaucoup à Dominique Strauss-Kahn, qui le fera venir au PS, et à Lionel Jospin, qui fera de lui un ministre. Tenant d'un « réalisme de gauche », il répète son attachement à l'Europe. De manière plus mordante, l'auteur narre les mœurs d'une classe politique, où règnent les combinaisons, les déconnexions et les ambitions aveuglantes.
Le Point : Au moment où nous parlons, des étoiles de David sont dessinées sur des façades d'immeubles à Paris et dans sa banlieue. Que vous inspirent ces manifestations antisémites ? Et comment votre pè [...] Lire la suite