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EN IMAGES - Pierre Cardin, der à coudre

  • Pierre Cardin, de son vrai nom Pietro Costante Cardin, est né le 2 juillet 1922 à Sant'Andrea di Barbarana, un petit village de la Vénétie. Ses parents, des propriétaires terriens antifascistes, ont fui l’Italie de Mussolini, et se sont installés avec leurs dix enfants à Saint-Étienne dans les années 1920.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Pierre Cardin, de son vrai nom Pietro Costante Cardin, est né le 2 juillet 1922 à Sant'Andrea di Barbarana, un petit village de la Vénétie. Ses parents, des propriétaires terriens antifascistes, ont fui l’Italie de Mussolini, et se sont installés avec leurs dix enfants à Saint-Étienne dans les années 1920.
  • Comme pour beaucoup de réfugiés italiens - les "Ritals", comme on les appellera longtemps -, la vie des Cardin est difficile de l’autre côté des Alpes. "<em>Nous étions des Roms italiens, on nous appelait les 'macaronis'"</em>, confiera bien des années plus tard le grand couturier à <em>Libération.</em>
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Comme pour beaucoup de réfugiés italiens - les "Ritals", comme on les appellera longtemps -, la vie des Cardin est difficile de l’autre côté des Alpes. "Nous étions des Roms italiens, on nous appelait les 'macaronis'", confiera bien des années plus tard le grand couturier à Libération.
  • Pour le petit Pietro, le déclic de la création se produit dès l’âge de 8 ans. Il dévore le mensuel <em>Jardin des modes</em>, passant des heures à admirer les lignes, les matières et les couleurs. Une sensibilisation esthétique précoce qui sera à l’origine de sa vocation.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Pour le petit Pietro, le déclic de la création se produit dès l’âge de 8 ans. Il dévore le mensuel Jardin des modes, passant des heures à admirer les lignes, les matières et les couleurs. Une sensibilisation esthétique précoce qui sera à l’origine de sa vocation.
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  • En 1936, Pierre Cardin a 14 ans. Il commence son apprentissage chez Bonpuis, un tailleur de Saint-Étienne. Après un passage chez Manby, tailleur à Vichy, il décide de monter à Paris. Une rencontre inattendue avec une cartomancienne va changer le cours de sa vie. La dame lui prédit en effet un destin d’exception et surtout, lui glisse à l’oreille le nom d’un ami en poste chez Jeanne Paquin.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    En 1936, Pierre Cardin a 14 ans. Il commence son apprentissage chez Bonpuis, un tailleur de Saint-Étienne. Après un passage chez Manby, tailleur à Vichy, il décide de monter à Paris. Une rencontre inattendue avec une cartomancienne va changer le cours de sa vie. La dame lui prédit en effet un destin d’exception et surtout, lui glisse à l’oreille le nom d’un ami en poste chez Jeanne Paquin.
  • Tout va alors très vite. Il fait ses classes dans les ateliers de la grande couturière, confectionne les masques et les costumes de <em>La Belle et la Bête</em> de Cocteau, et fait un passage chez la créatrice de mode Elsa Schiaparelli. Il obtient ensuite la place très convoitée de premier tailleur chez Christian Dior, maison pour laquelle il contribue à la naissance du "new look" - la tendance qui a révolutionné la mode d’après-guerre en 1947-, participant notamment au succès du "tailleur Bar".
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    Tout va alors très vite. Il fait ses classes dans les ateliers de la grande couturière, confectionne les masques et les costumes de La Belle et la Bête de Cocteau, et fait un passage chez la créatrice de mode Elsa Schiaparelli. Il obtient ensuite la place très convoitée de premier tailleur chez Christian Dior, maison pour laquelle il contribue à la naissance du "new look" - la tendance qui a révolutionné la mode d’après-guerre en 1947-, participant notamment au succès du "tailleur Bar".
  • Il quitte pourtant la maison Dior sur un coup de tête, trois ans après. Il fait alors l’acquisition de la maison Pascaud, un atelier de couture spécialisé dans les costumes de théâtre situé à deux pas de la place de la Concorde, qui deviendra la maison Pierre Cardin en 1950. Il garde ainsi sa double activité : les costumes de scène, et les créations de haute couture. Il conçoit dès lors des costumes pour les bals, les fêtes somptueuses d'après-guerre, à côté des manteaux et tailleurs, sa spécialité.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Il quitte pourtant la maison Dior sur un coup de tête, trois ans après. Il fait alors l’acquisition de la maison Pascaud, un atelier de couture spécialisé dans les costumes de théâtre situé à deux pas de la place de la Concorde, qui deviendra la maison Pierre Cardin en 1950. Il garde ainsi sa double activité : les costumes de scène, et les créations de haute couture. Il conçoit dès lors des costumes pour les bals, les fêtes somptueuses d'après-guerre, à côté des manteaux et tailleurs, sa spécialité.
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  • Sa première collection, futuriste, voit le jour en 1953. Ses manteaux et tailleurs, associant sens du détail et inventivité, suscitent l’enthousiasme des observateurs. Sa robe bulle avant-gardiste, notamment, entre dans l’histoire et fait le tour du monde.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Sa première collection, futuriste, voit le jour en 1953. Ses manteaux et tailleurs, associant sens du détail et inventivité, suscitent l’enthousiasme des observateurs. Sa robe bulle avant-gardiste, notamment, entre dans l’histoire et fait le tour du monde.
  • En 1954, dans le sillage de son premier triomphe, Pierre Cardin inaugure sa première boutique "Eve", au 118 rue du Faubourg Saint-Honoré. Son pendant masculin, le magasin "Adam", ouvrira quant à lui trois ans plus tard.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    En 1954, dans le sillage de son premier triomphe, Pierre Cardin inaugure sa première boutique "Eve", au 118 rue du Faubourg Saint-Honoré. Son pendant masculin, le magasin "Adam", ouvrira quant à lui trois ans plus tard.
  • En 1957, Pierre Cardin réalise son premier voyage au Japon. L’expérience est fondatrice pour le créateur, qui tombe amoureux de l’art de vivre japonais et s’en inspirera pour ses futures collections. Il fait également la connaissance à cette occasion de Hiroko Matsumoto, mannequin japonais qui l'accompagne à Paris et deviendra sa muse.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    En 1957, Pierre Cardin réalise son premier voyage au Japon. L’expérience est fondatrice pour le créateur, qui tombe amoureux de l’art de vivre japonais et s’en inspirera pour ses futures collections. Il fait également la connaissance à cette occasion de Hiroko Matsumoto, mannequin japonais qui l'accompagne à Paris et deviendra sa muse.
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  • Fidèle à son crédo - "<em>Quand quelque chose me manque, je l’invente</em>" -, Cardin ose tout durant les années 1950 et 1960. Il crée des combinaisons unisexes, des chapeaux satellites ou encore des jupes inspirées de l’art cinétique. Quant à ses costumes à col Mao, immortalisés par les Beatles, ils achèvent de faire de lui l’un des designers les plus influents de l’époque.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Fidèle à son crédo - "Quand quelque chose me manque, je l’invente" -, Cardin ose tout durant les années 1950 et 1960. Il crée des combinaisons unisexes, des chapeaux satellites ou encore des jupes inspirées de l’art cinétique. Quant à ses costumes à col Mao, immortalisés par les Beatles, ils achèvent de faire de lui l’un des designers les plus influents de l’époque.
  • Un talent insolent auquel Jeanne Moreau, dont la carrière explose au début des années 1960, ne se montre pas insensible. "<em>Je l'ai vu. Ça a été immédiat. J'ai voulu le revoir tout de suite"</em>, expliquera bien des années plus tard l’actrice qui fut sa muse et sa compagne durant quatre ans. La relation entre le couturier - ouvertement homosexuel - et la comédienne, résistera à tout, même à leur séparation.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Un talent insolent auquel Jeanne Moreau, dont la carrière explose au début des années 1960, ne se montre pas insensible. "Je l'ai vu. Ça a été immédiat. J'ai voulu le revoir tout de suite", expliquera bien des années plus tard l’actrice qui fut sa muse et sa compagne durant quatre ans. La relation entre le couturier - ouvertement homosexuel - et la comédienne, résistera à tout, même à leur séparation.
  • Audacieux, Cardin bouscule la mode masculine dès la fin des années 1950, en imposant de nouveaux critères mêlant élégance et confort. Une vision résumée dans la formule suivante : "<em>Des vestes avec lesquelles on peut dévisser un boulon de voiture, mais aussi aller au Windsor</em>."
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Audacieux, Cardin bouscule la mode masculine dès la fin des années 1950, en imposant de nouveaux critères mêlant élégance et confort. Une vision résumée dans la formule suivante : "Des vestes avec lesquelles on peut dévisser un boulon de voiture, mais aussi aller au Windsor."
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  • Sous l’influence du créateur, la mode quitte en outre les salons dorés et descend dans la rue. Au cours de sa carrière, ses mannequins défileront ainsi sur la place Rouge à Moscou, dans la Cité interdite à Pékin, ou encore dans le désert de Gobi. Et n’allez pas non plus demander à Pierre Cardin de se conformer à un quelconque calendrier : pas une seule fois, au cours de sa longue carrière, ses vêtements n’auront vu la couleur d’un podium durant la fashion week.
    13/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Sous l’influence du créateur, la mode quitte en outre les salons dorés et descend dans la rue. Au cours de sa carrière, ses mannequins défileront ainsi sur la place Rouge à Moscou, dans la Cité interdite à Pékin, ou encore dans le désert de Gobi. Et n’allez pas non plus demander à Pierre Cardin de se conformer à un quelconque calendrier : pas une seule fois, au cours de sa longue carrière, ses vêtements n’auront vu la couleur d’un podium durant la fashion week.
  • Toujours à contre-courant, Pierre Cardin transgresse les usages du petit monde de la mode, et pose les bases d'une production de prêt-à-porter en parallèle de la haute couture. Pour les grands couturiers traditionnels, attachés à séparer la mode haut de gamme de la mode populaire, c'est un crime de lèse-majesté. Qu’importe, Cardin persiste, et signe en 1959 une collection de prêt-à-porter luxueux au Printemps, devenant ainsi le premier couturier à présenter un défilé de prêt-à-porter inspiré de la haute couture.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Toujours à contre-courant, Pierre Cardin transgresse les usages du petit monde de la mode, et pose les bases d'une production de prêt-à-porter en parallèle de la haute couture. Pour les grands couturiers traditionnels, attachés à séparer la mode haut de gamme de la mode populaire, c'est un crime de lèse-majesté. Qu’importe, Cardin persiste, et signe en 1959 une collection de prêt-à-porter luxueux au Printemps, devenant ainsi le premier couturier à présenter un défilé de prêt-à-porter inspiré de la haute couture.
  • Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, sa ligne de vêtements rencontre en revanche un écho médiatique retentissant. Sans surprise, la profession tire à boulets rouges sur le couturier, qui s’en moque comme de son premier tailleur. Car désormais, sa renommée est mondiale, et tous les grands magasins du monde lui ouvrent des corners.
    15/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, sa ligne de vêtements rencontre en revanche un écho médiatique retentissant. Sans surprise, la profession tire à boulets rouges sur le couturier, qui s’en moque comme de son premier tailleur. Car désormais, sa renommée est mondiale, et tous les grands magasins du monde lui ouvrent des corners.
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  • Pionnier en bien des domaines, Pierre Cardin sut en effet s’implanter avant tout le monde dans des marchés émergents. Pas vraiment du genre à s’embarrasser de considérations politiques, il fut ainsi le premier Français à se développer en Chine communiste, en 1978. Il fut également - et surtout - le premier créateur à décliner son nom sur de nombreux produits.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Pionnier en bien des domaines, Pierre Cardin sut en effet s’implanter avant tout le monde dans des marchés émergents. Pas vraiment du genre à s’embarrasser de considérations politiques, il fut ainsi le premier Français à se développer en Chine communiste, en 1978. Il fut également - et surtout - le premier créateur à décliner son nom sur de nombreux produits.
  • Une stratégie de développement dont le couturier, qui fut comptable dans sa jeunesse, va user - abuser, diraient ses détracteurs - tout au long de sa carrière. Tout aussi désireux de rendre ses créations accessibles que de contourner des droits de douane exorbitants, Pierre Cardin formalise en effet très rapidement un système aussi astucieux qu’efficace de licence : le créateur dessine, les industriels fabriquent puis lui reversent des pourcentages sur les ventes de produits portant sa signature. Imparable.
    17/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Une stratégie de développement dont le couturier, qui fut comptable dans sa jeunesse, va user - abuser, diraient ses détracteurs - tout au long de sa carrière. Tout aussi désireux de rendre ses créations accessibles que de contourner des droits de douane exorbitants, Pierre Cardin formalise en effet très rapidement un système aussi astucieux qu’efficace de licence : le créateur dessine, les industriels fabriquent puis lui reversent des pourcentages sur les ventes de produits portant sa signature. Imparable.
  • Parfums, valises, cravates, eau minérale, briquets, linge de maison ou cigarettes (alors qu’il ne fume pas) : Cardin appose sa griffe partout. Pas moins de 700 licences (dont 400 encore actives en 2020) ont ainsi contribué à bâtir sa fortune, évaluée à plus de 600 millions d’euros par le magazine Challenges. À son apogée, ce système commercial donnera du travail à quelque 200 000 personnes, pour un chiffre d'affaires avoisinant les 1,5 milliard d’euros.
    18/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Parfums, valises, cravates, eau minérale, briquets, linge de maison ou cigarettes (alors qu’il ne fume pas) : Cardin appose sa griffe partout. Pas moins de 700 licences (dont 400 encore actives en 2020) ont ainsi contribué à bâtir sa fortune, évaluée à plus de 600 millions d’euros par le magazine Challenges. À son apogée, ce système commercial donnera du travail à quelque 200 000 personnes, pour un chiffre d'affaires avoisinant les 1,5 milliard d’euros.
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  • Souvent décriée, cette politique de naming tous azimuts est totalement assumée par l’intéressé, qui s’en félicitera jusqu’au bout, avec un humour consommé de marchand de tapis : "<em>Dans mes boutiques, on vend de tout, du chocolat aux meubles !"</em>.
    19/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Souvent décriée, cette politique de naming tous azimuts est totalement assumée par l’intéressé, qui s’en félicitera jusqu’au bout, avec un humour consommé de marchand de tapis : "Dans mes boutiques, on vend de tout, du chocolat aux meubles !".
  • Et quand ce n’est pas sur le plancher des vaches que son partonyme s’affiche, on le retrouve dans les airs. Ainsi le créateur signe-t-il en 1979 le design intérieur et la décoration extérieure du Westwind 1124 pour le compte d’Atlantic Aviation.
    20/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Et quand ce n’est pas sur le plancher des vaches que son partonyme s’affiche, on le retrouve dans les airs. Ainsi le créateur signe-t-il en 1979 le design intérieur et la décoration extérieure du Westwind 1124 pour le compte d’Atlantic Aviation.
  • Voir dans cette volonté farouche d’arpenter sans cesse de nouveaux territoires la seule marque d’un insatiable appétit de conquête mercantile serait toutefois réducteur. Chez Pierre Cardin, l’homme d’affaires est indissociable de l’amoureux du beau, sous toutes ses formes. Ainsi est-ce en ce sens qu’il faut interpréter le rachat et la réhabilitation du château du Marquis de Sade, où se tient chaque année depuis 2001 le festival de Lacoste, consacré au théâtre, à la danse et à l’opéra. Ou encore son rachat du célèbre restaurant <em>Maxim’s</em>, en 1981, qu’il développa par la suite dans le monde entier. Sans oublier la création de l’Espace Cardin, du musée de l’Art Nouveau…
    21/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Voir dans cette volonté farouche d’arpenter sans cesse de nouveaux territoires la seule marque d’un insatiable appétit de conquête mercantile serait toutefois réducteur. Chez Pierre Cardin, l’homme d’affaires est indissociable de l’amoureux du beau, sous toutes ses formes. Ainsi est-ce en ce sens qu’il faut interpréter le rachat et la réhabilitation du château du Marquis de Sade, où se tient chaque année depuis 2001 le festival de Lacoste, consacré au théâtre, à la danse et à l’opéra. Ou encore son rachat du célèbre restaurant Maxim’s, en 1981, qu’il développa par la suite dans le monde entier. Sans oublier la création de l’Espace Cardin, du musée de l’Art Nouveau…
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  • Créateur talentueux et infatigable, Pierre Cardin accumulera les distinctions tout au long de sa carrière - une centaine au total, dans les domaines de la mode, du design et de l’art. Il décrochera notamment par trois fois le prestigieux Dé d’or de la couture française (1977, 1979, 1982), ou encore le Prix international du Conseil des créateurs de mode américains (2007).
    22/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Créateur talentueux et infatigable, Pierre Cardin accumulera les distinctions tout au long de sa carrière - une centaine au total, dans les domaines de la mode, du design et de l’art. Il décrochera notamment par trois fois le prestigieux Dé d’or de la couture française (1977, 1979, 1982), ou encore le Prix international du Conseil des créateurs de mode américains (2007).
  • L’aura de Pierre Cardin dépassera largement le cercle fermé de la mode, squattant régulièrement le top 5 des Français les plus connus du monde. Aussi fut-il, sans surprise, le premier grand couturier à faire la Une du magazine <em>Time</em>, le 23 décembre 1974.
    23/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    L’aura de Pierre Cardin dépassera largement le cercle fermé de la mode, squattant régulièrement le top 5 des Français les plus connus du monde. Aussi fut-il, sans surprise, le premier grand couturier à faire la Une du magazine Time, le 23 décembre 1974.
  • Une reconnaissance qui n’eut d’égale que le mépris de la majorité de ses pairs à son égard. À commencer par celui d’Yves Saint-Laurent, auquel on prête cette saillie mouillée de dédain : "<em>Dans trois mois, Cardin, on n’en entendra plus parler !"</em> On a connu prédiction plus inspirée…
    24/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Une reconnaissance qui n’eut d’égale que le mépris de la majorité de ses pairs à son égard. À commencer par celui d’Yves Saint-Laurent, auquel on prête cette saillie mouillée de dédain : "Dans trois mois, Cardin, on n’en entendra plus parler !" On a connu prédiction plus inspirée…
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  • Loin de disparaître, Pierre Cardin devint même immortel quelques décennies plus tard. En 1991, il fut en effet le premier couturier à être élu membre de l'Académie des beaux-arts, au fauteuil jadis occupé par Pierre Dux. Il dessina pour l’occasion lui-même son épée d’académicien - le contraire eut été surprenant.
    25/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Loin de disparaître, Pierre Cardin devint même immortel quelques décennies plus tard. En 1991, il fut en effet le premier couturier à être élu membre de l'Académie des beaux-arts, au fauteuil jadis occupé par Pierre Dux. Il dessina pour l’occasion lui-même son épée d’académicien - le contraire eut été surprenant.
  • Créateur de plus de 50 000 modèles en pièces uniques de haute couture, Pierre Cardin fut par ailleurs honoré à plusieurs reprises dans divers musées, au rythme de ses anniversaires de carrière. Ainsi le Metropolitan Museum de New-York lui consacra une exposition en 1980 pour ses 30 ans de production. Preuve de son incroyable longévité, le Brooklyn Museum fera de même quarante ans plus tard, dans une rétrospective intitulée "Pierre Cardin : Future Fashion".
    26/28

    Pierre Cardin, der à coudre

    Créateur de plus de 50 000 modèles en pièces uniques de haute couture, Pierre Cardin fut par ailleurs honoré à plusieurs reprises dans divers musées, au rythme de ses anniversaires de carrière. Ainsi le Metropolitan Museum de New-York lui consacra une exposition en 1980 pour ses 30 ans de production. Preuve de son incroyable longévité, le Brooklyn Museum fera de même quarante ans plus tard, dans une rétrospective intitulée "Pierre Cardin : Future Fashion".
  • Infatigable, toujours passionné, Pierre Cardin dessinait encore inlassablement à l’aube de ses cent ans, laissant sa mine de graphite élaborer de nouvelles silhouettes, dans son atelier de l’avenue de Marigny. Le créateur est mort, pour ainsi dire, le crayon à la main.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    Infatigable, toujours passionné, Pierre Cardin dessinait encore inlassablement à l’aube de ses cent ans, laissant sa mine de graphite élaborer de nouvelles silhouettes, dans son atelier de l’avenue de Marigny. Le créateur est mort, pour ainsi dire, le crayon à la main.
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  • La couture française est aujourd’hui orpheline de son dernier monument. Un créateur avant-gardiste, indépendant, rétif aux conventions, qui contribua à sortir la mode de son carcan élitiste. Les coups de griffe de ses détracteurs n’y changeront rien : la sienne, dont il était le dernier grand couturier à être resté le propriétaire, demeurera à jamais associée à une forme d’élégance pionnière.
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    Pierre Cardin, der à coudre

    La couture française est aujourd’hui orpheline de son dernier monument. Un créateur avant-gardiste, indépendant, rétif aux conventions, qui contribua à sortir la mode de son carcan élitiste. Les coups de griffe de ses détracteurs n’y changeront rien : la sienne, dont il était le dernier grand couturier à être resté le propriétaire, demeurera à jamais associée à une forme d’élégance pionnière.
Pierre Cardin, de son vrai nom Pietro Costante Cardin, est né le 2 juillet 1922 à Sant'Andrea di Barbarana, un petit village de la Vénétie. Ses parents, des propriétaires terriens antifascistes, ont fui l’Italie de Mussolini, et se sont installés avec leurs dix enfants à Saint-Étienne dans les années 1920.
Comme pour beaucoup de réfugiés italiens - les "Ritals", comme on les appellera longtemps -, la vie des Cardin est difficile de l’autre côté des Alpes. "<em>Nous étions des Roms italiens, on nous appelait les 'macaronis'"</em>, confiera bien des années plus tard le grand couturier à <em>Libération.</em>
Pour le petit Pietro, le déclic de la création se produit dès l’âge de 8 ans. Il dévore le mensuel <em>Jardin des modes</em>, passant des heures à admirer les lignes, les matières et les couleurs. Une sensibilisation esthétique précoce qui sera à l’origine de sa vocation.
En 1936, Pierre Cardin a 14 ans. Il commence son apprentissage chez Bonpuis, un tailleur de Saint-Étienne. Après un passage chez Manby, tailleur à Vichy, il décide de monter à Paris. Une rencontre inattendue avec une cartomancienne va changer le cours de sa vie. La dame lui prédit en effet un destin d’exception et surtout, lui glisse à l’oreille le nom d’un ami en poste chez Jeanne Paquin.
Tout va alors très vite. Il fait ses classes dans les ateliers de la grande couturière, confectionne les masques et les costumes de <em>La Belle et la Bête</em> de Cocteau, et fait un passage chez la créatrice de mode Elsa Schiaparelli. Il obtient ensuite la place très convoitée de premier tailleur chez Christian Dior, maison pour laquelle il contribue à la naissance du "new look" - la tendance qui a révolutionné la mode d’après-guerre en 1947-, participant notamment au succès du "tailleur Bar".
Il quitte pourtant la maison Dior sur un coup de tête, trois ans après. Il fait alors l’acquisition de la maison Pascaud, un atelier de couture spécialisé dans les costumes de théâtre situé à deux pas de la place de la Concorde, qui deviendra la maison Pierre Cardin en 1950. Il garde ainsi sa double activité : les costumes de scène, et les créations de haute couture. Il conçoit dès lors des costumes pour les bals, les fêtes somptueuses d'après-guerre, à côté des manteaux et tailleurs, sa spécialité.
Sa première collection, futuriste, voit le jour en 1953. Ses manteaux et tailleurs, associant sens du détail et inventivité, suscitent l’enthousiasme des observateurs. Sa robe bulle avant-gardiste, notamment, entre dans l’histoire et fait le tour du monde.
En 1954, dans le sillage de son premier triomphe, Pierre Cardin inaugure sa première boutique "Eve", au 118 rue du Faubourg Saint-Honoré. Son pendant masculin, le magasin "Adam", ouvrira quant à lui trois ans plus tard.
En 1957, Pierre Cardin réalise son premier voyage au Japon. L’expérience est fondatrice pour le créateur, qui tombe amoureux de l’art de vivre japonais et s’en inspirera pour ses futures collections. Il fait également la connaissance à cette occasion de Hiroko Matsumoto, mannequin japonais qui l'accompagne à Paris et deviendra sa muse.
Fidèle à son crédo - "<em>Quand quelque chose me manque, je l’invente</em>" -, Cardin ose tout durant les années 1950 et 1960. Il crée des combinaisons unisexes, des chapeaux satellites ou encore des jupes inspirées de l’art cinétique. Quant à ses costumes à col Mao, immortalisés par les Beatles, ils achèvent de faire de lui l’un des designers les plus influents de l’époque.
Un talent insolent auquel Jeanne Moreau, dont la carrière explose au début des années 1960, ne se montre pas insensible. "<em>Je l'ai vu. Ça a été immédiat. J'ai voulu le revoir tout de suite"</em>, expliquera bien des années plus tard l’actrice qui fut sa muse et sa compagne durant quatre ans. La relation entre le couturier - ouvertement homosexuel - et la comédienne, résistera à tout, même à leur séparation.
Audacieux, Cardin bouscule la mode masculine dès la fin des années 1950, en imposant de nouveaux critères mêlant élégance et confort. Une vision résumée dans la formule suivante : "<em>Des vestes avec lesquelles on peut dévisser un boulon de voiture, mais aussi aller au Windsor</em>."
Sous l’influence du créateur, la mode quitte en outre les salons dorés et descend dans la rue. Au cours de sa carrière, ses mannequins défileront ainsi sur la place Rouge à Moscou, dans la Cité interdite à Pékin, ou encore dans le désert de Gobi. Et n’allez pas non plus demander à Pierre Cardin de se conformer à un quelconque calendrier : pas une seule fois, au cours de sa longue carrière, ses vêtements n’auront vu la couleur d’un podium durant la fashion week.
Toujours à contre-courant, Pierre Cardin transgresse les usages du petit monde de la mode, et pose les bases d'une production de prêt-à-porter en parallèle de la haute couture. Pour les grands couturiers traditionnels, attachés à séparer la mode haut de gamme de la mode populaire, c'est un crime de lèse-majesté. Qu’importe, Cardin persiste, et signe en 1959 une collection de prêt-à-porter luxueux au Printemps, devenant ainsi le premier couturier à présenter un défilé de prêt-à-porter inspiré de la haute couture.
Si le succès commercial n’est pas au rendez-vous, sa ligne de vêtements rencontre en revanche un écho médiatique retentissant. Sans surprise, la profession tire à boulets rouges sur le couturier, qui s’en moque comme de son premier tailleur. Car désormais, sa renommée est mondiale, et tous les grands magasins du monde lui ouvrent des corners.
Pionnier en bien des domaines, Pierre Cardin sut en effet s’implanter avant tout le monde dans des marchés émergents. Pas vraiment du genre à s’embarrasser de considérations politiques, il fut ainsi le premier Français à se développer en Chine communiste, en 1978. Il fut également - et surtout - le premier créateur à décliner son nom sur de nombreux produits.
Une stratégie de développement dont le couturier, qui fut comptable dans sa jeunesse, va user - abuser, diraient ses détracteurs - tout au long de sa carrière. Tout aussi désireux de rendre ses créations accessibles que de contourner des droits de douane exorbitants, Pierre Cardin formalise en effet très rapidement un système aussi astucieux qu’efficace de licence : le créateur dessine, les industriels fabriquent puis lui reversent des pourcentages sur les ventes de produits portant sa signature. Imparable.
Parfums, valises, cravates, eau minérale, briquets, linge de maison ou cigarettes (alors qu’il ne fume pas) : Cardin appose sa griffe partout. Pas moins de 700 licences (dont 400 encore actives en 2020) ont ainsi contribué à bâtir sa fortune, évaluée à plus de 600 millions d’euros par le magazine Challenges. À son apogée, ce système commercial donnera du travail à quelque 200 000 personnes, pour un chiffre d'affaires avoisinant les 1,5 milliard d’euros.
Souvent décriée, cette politique de naming tous azimuts est totalement assumée par l’intéressé, qui s’en félicitera jusqu’au bout, avec un humour consommé de marchand de tapis : "<em>Dans mes boutiques, on vend de tout, du chocolat aux meubles !"</em>.
Et quand ce n’est pas sur le plancher des vaches que son partonyme s’affiche, on le retrouve dans les airs. Ainsi le créateur signe-t-il en 1979 le design intérieur et la décoration extérieure du Westwind 1124 pour le compte d’Atlantic Aviation.
Voir dans cette volonté farouche d’arpenter sans cesse de nouveaux territoires la seule marque d’un insatiable appétit de conquête mercantile serait toutefois réducteur. Chez Pierre Cardin, l’homme d’affaires est indissociable de l’amoureux du beau, sous toutes ses formes. Ainsi est-ce en ce sens qu’il faut interpréter le rachat et la réhabilitation du château du Marquis de Sade, où se tient chaque année depuis 2001 le festival de Lacoste, consacré au théâtre, à la danse et à l’opéra. Ou encore son rachat du célèbre restaurant <em>Maxim’s</em>, en 1981, qu’il développa par la suite dans le monde entier. Sans oublier la création de l’Espace Cardin, du musée de l’Art Nouveau…
Créateur talentueux et infatigable, Pierre Cardin accumulera les distinctions tout au long de sa carrière - une centaine au total, dans les domaines de la mode, du design et de l’art. Il décrochera notamment par trois fois le prestigieux Dé d’or de la couture française (1977, 1979, 1982), ou encore le Prix international du Conseil des créateurs de mode américains (2007).
L’aura de Pierre Cardin dépassera largement le cercle fermé de la mode, squattant régulièrement le top 5 des Français les plus connus du monde. Aussi fut-il, sans surprise, le premier grand couturier à faire la Une du magazine <em>Time</em>, le 23 décembre 1974.
Une reconnaissance qui n’eut d’égale que le mépris de la majorité de ses pairs à son égard. À commencer par celui d’Yves Saint-Laurent, auquel on prête cette saillie mouillée de dédain : "<em>Dans trois mois, Cardin, on n’en entendra plus parler !"</em> On a connu prédiction plus inspirée…
Loin de disparaître, Pierre Cardin devint même immortel quelques décennies plus tard. En 1991, il fut en effet le premier couturier à être élu membre de l'Académie des beaux-arts, au fauteuil jadis occupé par Pierre Dux. Il dessina pour l’occasion lui-même son épée d’académicien - le contraire eut été surprenant.
Créateur de plus de 50 000 modèles en pièces uniques de haute couture, Pierre Cardin fut par ailleurs honoré à plusieurs reprises dans divers musées, au rythme de ses anniversaires de carrière. Ainsi le Metropolitan Museum de New-York lui consacra une exposition en 1980 pour ses 30 ans de production. Preuve de son incroyable longévité, le Brooklyn Museum fera de même quarante ans plus tard, dans une rétrospective intitulée "Pierre Cardin : Future Fashion".
Infatigable, toujours passionné, Pierre Cardin dessinait encore inlassablement à l’aube de ses cent ans, laissant sa mine de graphite élaborer de nouvelles silhouettes, dans son atelier de l’avenue de Marigny. Le créateur est mort, pour ainsi dire, le crayon à la main.
La couture française est aujourd’hui orpheline de son dernier monument. Un créateur avant-gardiste, indépendant, rétif aux conventions, qui contribua à sortir la mode de son carcan élitiste. Les coups de griffe de ses détracteurs n’y changeront rien : la sienne, dont il était le dernier grand couturier à être resté le propriétaire, demeurera à jamais associée à une forme d’élégance pionnière.

Dernier monument de la haute couture hexagonale, Pierre Cardin nous a quittés ce 29 décembre à l’âge de 98 ans, a annoncé sa famille à l’AFP. Créateur d’avant-garde, aussi souvent décrié qu’imité, Pierre Cardin a, plus de soixante-dix ans durant, apposé sa griffe aux quatre coins du monde. Une marque pour laquelle il imagina jusqu’au bout de nouveaux modèles. Retour sur le parcours d’un fils d’immigrés italiens devenu l’un des symboles de l’élégance à la française. 

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