Les photos «qui changent le monde» changent-elles vraiment le monde ?

La photo d'Aylan Kurdi, réfugié syrien mort noyé, s'inscrit dans la tradition des clichés où l'enfance cristallise les drames humanitaires. Des images qui, souvent, accompagnent des changements plus qu'elles ne les provoquent.

Les images qui «changent le monde» ont-elles vraiment changé le monde ? Et l’image d’Aylan Kurdi, un enfant syrien dont le corps a été rejeté par la mer sur une plage turque, va-t-elle «éveiller nos consciences» ? C’est ce qu’espère, par exemple, Alain Mingam, photojournaliste et lauréat du World Press, dans un entretien à Libération.fr.

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Mais ne risque-t-on pas de projeter dans cette image un pouvoir qu’elle n’a pas ? Historiquement, elle renvoie à d’autres icônes, d’autres drames : on pense, forcément, à la photo de Kim Phuc, enfant vietnamienne, victime d’une bombe au Napalm, pleurant nue devant l’objectif de Nick Ut. Le 8 juin 1972, ce photographe de l’Associated Press capture l’instant où deux avions de l’armée sud-vietnamienne avaient bombardé, par erreur, une pagode où se trouvaient des compatriotes. Le lendemain, le New York Times imprime le cliché en bas à gauche de sa une, tandis que d’autres journaux hésitent, notamment en raison de la nudité visible à l’image. Le 12 juin, la photo est presque partout, et le président Richard Nixon doute de sa véracité. Le cliché vaudra à son auteur un prix Pulitzer en 1973, et deviendra le symbole de l’injustice de ce conflit.

Photo Nick Ut. AP.

On pense aussi à la photo, prise au Soudan en 1993 par Kevin Carter, d’une enfant prostrée, un vautour en arrière-plan, au moment où sévissent la famine et la guerre civile. En 1994, ce cliché aussi a valu un Pulitzer à son auteur, qui s’est suicidé la même année.

Ces images sont devenues iconiques. En 2011, une enquête a pourtant conclu de la seconde qu’elle avait donné lieu à des interprétations excessives. Non seulement la fillette était en fait un garçon, mais en plus il était, (...)

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