PFL Paris: grande gueule et légende du kickboxing, Cédric Doumbé vise les sommets du MMA
Dans le monde du pieds-poings, son nom impose le respect. Et revêt même un caractère légendaire. Avec ses sept titres de champion du Glory (la principale organisation mondiale), Cédric Doumbé est l’un des meilleurs kickboxeurs de tous les temps (75 victoires, 7 défaites, 1 égalité). Et forcément, l’un des meilleurs combattants français de l’histoire. Un statut qu’il a choisi de mettre en danger en 2021, en se lançant dans le MMA, un sport nettement plus mainstream et rémunérateur. Avec la volonté affichée d’atteindre les sommets de cette discipline, qui combine la boxe, la lutte, le muay-thaï et le jiu-jitsu brésilien.
Après quatre victoires face à des adversaires limités (la dernière en mars dernier contre le Polonais Pawel Klimas), "The Best" (le surnom qu’il s’est attribué) s’apprête à franchir un cap en faisant ses grands débuts au PFL, samedi au Zénith Paris La Villette (sur RMC Sport 2 et RMC Découverte). Au terme d’un long suspense qui a tenu en haleine sa communauté, Doumbé a décidé de rejoindre l’organisation américaine qui ambitionne de concurrencer l’UFC, la référence planétaire. En touchant sept fois plus que ce que l’UFC lui proposait.
Un combattant sûr de sa force
Dans une salle bruyante et archi-comble, le natif de Douala (au sud-ouest du Cameroun) disputera le main event (combat principal) face à Jordan Zebo, un Français de 23 ans, invaincu, réputé pour sa puissance physique et ses takedown (amenés au sol) dévastateurs. Un profil qui n’effraie absolument pas Cédric Doumbé et sa force de frappe phénoménale. "Jordan Zebo, ce n’est personne, il n’a pas de palmarès, c’est un débutant", s’amuse celui qui assure être capable d’éteindre les plus grands cracks de sa catégorie (welters,-77kg), de Leon Edwards à Kamaru Usman, en passant par Khamzat Chimaev.
Après avoir beaucoup travaillé sa lutte et son sol, en allant notamment s’entraîner en Irlande (sur les terres de Conor McGregor), Doumbé clame haut et fort qu’il va surclasser Zebo ce week-end. Le puncher de 31 ans lui a d’ailleurs fait livrer un matelas afin qu’il puisse se remettre du KO qu’il promet de lui infliger. "Cédric Doumbé est un altruiste, a-t-il ironisé en parlant de lui à la troisième personne, mardi, lors de son passage dans le Super Moscato Show sur RMC. Il pense à son prochain et il veut pour son prochain ce qu’il voudrait pour lui-même. Moi j’aimerais que si un jour je tombe KO, je puisse me reposer et dormir pendant quelques mois (sourire)."
Un personnage narcissique et moqueur
Sur sa chaîne YouTube, qui compte plus de 230.000 abonnés, le taulier du kickboxing a également mis en ligne une fausse interview de Jordan Zebo en train de réagir à sa future défaite. "Les gens disent que c’est une fausse interview mais non, vous verrez après le combat", chambre Cédric Doumbé, en précisant qu’il sera dans la SmartCage du PFL à 23h, samedi, au nord-est de Paris. "Et la fin du combat sera à 23h03", ajoute-il hilare et sûr de lui.
Au-delà de ses qualités hors-norme sur un ring ou dans une cage, Doumbé, qui est arrivé en France à l’âge de 9 ans avec sa mère et sa sœur, est connu pour être un véritable show man. Maître dans l’art du trash talking, il a séduit les foules en se créant un personnage narcissique et moqueur. Avec des attaques verbales contre ses rivaux, des imitations, des répliques ironiques et des piques cinglantes. Jusqu’à devenir une sorte de combattant-humoriste. "Je préfère la comédie au combat", a même confié la plus grande gueule actuelle du sport français.
Un conflit personnel avec Fernand Lopez
Sa cible privilégiée? Fernand Lopez, le patron du MMA Factory, qui entraîne notamment Ciryl Gane et Nassourdine Imavov. Cédric Doumbé a travaillé un peu sous ses ordres dans le 12e arrondissement de Paris. Mais l’expérience a tourné court et les deux hommes cultivent depuis une vive animosité. Dans ses nombreuses vidéos postées sur les réseaux, Doumbé allume régulièrement Lopez en mimant son accent et certaines de ses expressions comme "les angles morts" ou "good job". "Je n’aime pas son caractère, son tempérament et son vice", assène-t-il.
Des piques par médias et réseaux sociaux interposés qui trouvent leur source dans des différents personnels. Pour pimenter l’affaire, Fernand Lopez se trouve être le coach de Jordan Zebo. Doumbé explique d’ailleurs que c’est l’une des raisons qui l’ont poussé à accepter ce combat. Le vanneur se nourrit de ce conflit pour faire monter la sauce en égratignant le manager de 44 ans et ses poulains. Sur tous les supports à sa disposition (vidéo, audio, écrit). Sans aucun filtre.
Une pression maximale sur les épaules
"C’est clairement mon exutoire, c’est là où je me régale le plus, avant le combat. Si je ne faisais pas ça, je ne serais pas bien et je ne pourrais pas performer. Je serais moins fort", jure celui dont la puissance de feu a déjà été comparée à celle de Mike Tyson ou Francis Ngannou, originaire lui aussi du Cameroun et nouvelle tête d’affiche du PFL.
Mais ces attaques acerbes ne sont pas sans risque. Si Doumbé venait à perdre face à Zebo ou un autre adversaire, les critiques seraient à la hauteur de son arrogance. Il en a bien conscience, mais ça ne semble pas vraiment le tétaniser. "Les gens vont payer pour voir Cédric Doumbé se faire éteindre ou éteindre les autres, résume-t-il. Souvent on me dit: ‘Tu n’as pas intérêt à perdre, parce que tu te mets une pression de fou.’ Oui et non. Moi, je sais ce qu’il va se passer, parce que je m’entraîne pour. A l’entraînement, je n’ai pas appris à perdre. J’apprends à gagner depuis tout petit!"