"Qui peut s’engager réellement?": Judith Godrèche appelle le NFP à ne pas oublier la lutte contre les violences sexuelles

Judith Godrèche, figure de proue du mouvement #Metoo en France, prend de nouveau la parole. Alors que la nomination d'un Premier ministre par le président de la République se fait attendre, l'actrice interpelle le NFP à l'occasion des universités d'été des socialistes. Dans une tribune publiée par Libération, elle rappelle à l'alliance des gauches l'urgence qu'il y a à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, dont elle a fait son combat.

L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le 9 juin dernier, a occasionné une déconvenue personnelle pour Judith Godrèche. La création de la commission d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français, pour laquelle elle avait milité et que l'Assemblée avait votée à l'unanimité le 2 mai dernier, a été elle aussi dissoute.

"Cette commission d’enquête sur les VSS a été dissoute, en même temps que celle de Lyes Louffok sur la protection de l’enfance, avec les espoirs d’exposer au grand jour un système qui ne change pas – ou si peu", regrette-t-elle aujourd'hui.

"Alors que le courage et la parole s’apprêtaient à prendre le devant de la scène, paf. Plus rien. Commission dissoute sur décision du président Emmanuel Macron, le même qui célèbre Gérard Depardieu."

Une référence aux propos du président de la République qui, interrogé en décembre dernier sur la mise en examen pour viols de Gérard Depardieu, avait répondu que l'acteur rendait "fière la France".

"Prendre son courage à deux mains"

Judith Godrèche appelle à ressusciter cette commission d'enquête: "Qui peut s’engager, réellement, prendre son courage à deux mains et me dire que oui, il sera nécessaire de la reprendre cette commission d’enquête, qu’il faudra qu’elle reprenne ses travaux, pour les femmes et les enfants, pour toutes celles et tous ceux qui sont écrasés?"

"Qui fera ce pas, quel groupe, quelle personnalité politique, pourra s’engager avec force dans cette bataille, contre la loi du plus fort qui régit encore et partout nos rapports sociaux?"

Elle évoque également sa "confiance" envers Lucie Castets, candidate NFP à Matignon: "Je me demande parfois – le jeu en vaut-il la chandelle? Quand les dés sont jetés. Quand le destin de la société tient dans la main d’un seul homme. Que fera-t-il, que feront-ils de Lucie? Mais aussi: que fera Lucie? Je lui fais confiance. Comme Kamala Harris, Lucie Castets n’a pas peur d’affronter la mêlée."

Nommer "quelqu'un qui donne le ton"

Elle rappelle le maintien de Dominique Boutonnat à la tête du Centre national de la cinématographie, malgré une plainte pour agression sexuelle, jusqu'à ce qu'il se retire de lui-même après une condamnation en juin dernier:

"À la tête de cet organisme, un homme venu de l’entreprise avait été nommé par Emmanuel Macron, puis, après avoir été accusé d’agression sexuelle et tentative de viol par son filleul, renommé par Emmanuel Macron, puis, après avoir été mis en examen, maintenu à ce poste par Emmanuel Macron – et célébré lors du dernier Festival de Cannes par madame Rachida Dati, la ministre d’Emmanuel Macron.

"Cet homme est finalement parti – après avoir été condamné. Puis a fait appel. Ce passé-là date d’hier. Ce passé-là est notre présent et peut être notre futur si, à ce poste (de Premier ministre, NDLR), quelqu’un d’absolument qualifié, concerné, qui donne le ton, n’est pas nommé."

Début février, l'actrice de 52 ans a déclenché une nouvelle tempête dans le #MeToo français en accusant successivement Benoît Jacquot puis Jacques Doillon de viol sur mineure, et portant plainte. Des accusations que tous les deux nient.

Article original publié sur BFMTV.com