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«Petit Paysan», de mal en pis

VAcherie. Minutieux mais trop sage, un drame rural qui vire thriller morbide.

Après le triomphe rencontré par Grave lors de la précédente édition - la ola n’était pas passée par Libé mais lui aura valu carton en salles et postérisation par la Semaine de la critique - on guette forcément, en un jeune auteur français passé par la Femis et venu présenter dans la même sélection un premier film lorgnant le cinéma de genre, celui qui à son tour pourrait rafler la mise. Petit Paysan d’Hubert Charuel se révèle à la fois autrement plus fin et aimable, et moins armé jusqu’aux dents en vue de frapper les esprits que le bombardier végé-cannibale de Julia Ducournau. Décrivant avec minutie la condition quasi îlienne d’un jeune éleveur laitier dont le troupeau se trouve frappé par un mal insidieux, le film tient tout du long - tant par ses comédiens (excellents Swann Arlaud et Sara Giraudeau) que la dense exactitude de son trait - une note de justesse qui en constitue à la fois l’indéniable mérite et l’horizon univoque, un peu étriqué.

Le jeune cinéaste, fils d’agriculteurs, connaît parfaitement ce qu’il dépeint, et les affects douloureux qui se précipitent sur une pente de thriller dès lors que son petit paysan s’évertue à contourner l’inexorable abattage de son troupeau, au nom du principe de précaution. Les halos colorés qui viennent habiller sa trajectoire cruelle et la belle dérive de quelques scènes vers une abstraction quasi horrifique ne suffisent toutefois pas à faire sauter le corset de sage retenue qui enserre son extrême application.



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