"Un petit miracle": pourquoi Eddy Mitchell préfère désormais le cinéma aux concerts

Eddy Mitchell est fidèle à sa réputation. Le rocker est un taiseux. Il expédie chaque réponse d'une manière lapidaire, tel un cowboy dans les westerns qu'il affectionne tant. À l'affiche depuis mercredi d'Un petit miracle, il endosse en toute logique à l'écran le rôle d'un homme taciturne aux répliques brèves et incisives.

Comme beaucoup de comédies récentes - Maison de retraite, Chœur de rockers, etc. - Un petit miracle met à l'honneur les seniors et les EHPAD. Dans cette comédie feel good, inspirée d'une histoire vraie, des élèves de primaires se retrouvent à devoir suivre des cours dans une maison de retraite après la destruction de leur école.

Eddy Mitchell y partage une nouvelle fois l'affiche avec Alice Pol après deux volets des Vieux fourneaux (2019, 2022) et une Murder Party (2022). Comme si le vieux chanteur ne voulait plus tourner qu'avec elle. "C'est un hasard", commente-t-il. "Elle est formidable. On s'entend bien. C'est une bonne comédienne. Elle connaît son texte au cordeau."

"Les tournées, j'en ai ras-le-bol"

Mais ce n'est pas sa présence qui l'a attiré dans Un petit miracle, présenté la semaine dernière en clôture du festival de l'Alpe d'Huez. "Le personnage est déprimé au départ et décide de rentrer dans un EHPAD. Une fois qu'il y est, il n'a qu'une envie: se barrer. C'est formidable le changement de boussole du mec."

Il y donne la réplique à une ribambelle d'enfants acteurs. Travailler avec des partenaires si jeunes a ses inconvénients. "C'est un peu chiant, parce que ça cause tout le temps. Ça donne son dialogue au moment où il ne le faut pas. Mais ce n'est pas grave. Ce sont juste des mômes."

Et à 80 ans passé, Eddy Mitchell préfère cela aux concerts. Libéré de ses obligations de producteur de tournée, qui "doit s'assurer que le batteur ne s'est pas cassé le bras", il se consacre pleinement au cinéma. "Ça repose. C'est bien. Au cinéma, on vient vous chercher. Vous connaissez votre texte, vous le dites et puis au revoir."

"Les tournées, j'en ai ras-le-bol", poursuit-il. "Je ne veux plus voyager. L'avion, le train, la bagnole, me retrouver le soir à deux heures du matin à l'hôtel où on me propose une salade gourmande… c'est fini, ça." Pas de salade gourmande au cinéma: "Au cinéma, les horaires sont mieux faits. Ils sont différents."

Aucun regret

Les rôles, en revanche, ne sont pas différents. Ils se ressemblent même un peu tous. Il collectionne les personnages de vieux acariâtres ou de grands-pères grincheux. "Parce que je sais bien le faire, j'imagine", dit-il en souriant. "Ça vient avec l'âge, aussi. Mais ce n'est pas gênant. Ça va avec mon physique."

Il y a quarante ans, on lui offrait des rôles plus complexes, comme celui du perfide Nono dans Coup de torchon de Bertrand Tavernier. Être au second plan lui importe peu. "Si le rôle m'intéresse, je le fais." Pour cette raison, il refuse beaucoup de propositions. "Si je ne crois pas en l'histoire, je ne peux pas y aller."

Avec le cinéma, il cherche avant tout à "s'amuser" et à "rendre crédible" son personnage. Il y a des rôles qu'il ne pourrait pas jouer et les refuse: "On m’avait proposé un homosexuel qui fait le Bois de Boulogne. Je ne pouvais pas." Il n'a aucun regret pour les rôles qu'il n'a pas décrochés. "Ils n'ont pas eu besoin de moi. Ce n'est pas grave."

"Trop bavard"

Ses prochains mois sont remplis. En juin, il sera à l'affiche de Wahou! de Bruno Podalydès. "C'est bien, parce que c'est cinglé. Le scénario, il fallait y penser. C'est un couple qui décide de vendre sa maison. Quand l'agence immobilière arrive, ils la foutent dehors: ils ne veulent plus vendre. C'est pas mal."

Il a rarement des propositions de ce calibre: "C’est rare, parce que ce n'est pas très français. Le cinéma français n'est pas très cinglé." Murder Party, pastiche de roman policier façon À couteaux tirés, l'était, même si Eddy Mitchell a trouvé le résultat "trop bavard".

Il a deux autres projets au cinéma. Et si le 7e Art l'ennuie, il pourra toujours se rabattre sur le 9e. Grand amateur de BD, il aimerait écrire le scénario d'un album. Après une collaboration avec le dessinateur Ralph Meyer (Undertaker), il espère travailler avec Michel Blanc-Dumont, co-auteur de La Jeunesse de Blueberry.

Article original publié sur BFMTV.com