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Perturbations dans les prisons à la veille d'un "blocage total"

La prison à Carquefou, près de Nantes. Le mouvement de grève des gardiens des prisons s'est poursuivi dimanche dans une poignée d'établissements, à la veille d'une journée de "blocage total" annoncée dans toute la France à l'appel des syndicats. /Photo prise le 15 janvier 2018/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Le mouvement de grève des gardiens des prisons s'est poursuivi dimanche dans une poignée d'établissements, à la veille d'une journée de "blocage total" annoncée dans toute la France à l'appel des syndicats.

Samedi, les organisations syndicales nationales ont rejeté les propositions de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) pour améliorer leurs conditions de travail.

La journée de dimanche a été marquée par des mouvements de grève dans plusieurs prisons ainsi que des incidents impliquant des détenus dans d'autres.

A Sequedin (Nord), un mouvement de détenus qui refusaient pour certains de regagner leurs cellules, a été maîtrisé dans l'après-midi, a indiqué le secrétaire général de l'Ufap-Unsa, Jean-François Forget. Dans la prison de Longuenesse (Pas-de-Calais), une agression a visé deux surveillants en fin d'après-midi.

Les surveillants de la prison de Borgo, en Corse, et de Bordeaux-Gradignan, n'ont pas pris leur service dimanche, a annoncé le ministère de la Justice dans un communiqué. "Un service réduit est assuré au centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone" (Hérault), a-t-il ajouté.

Des dispositifs filtrants ont été installés devant le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran, et l'unité hospitalière de soins spécialement aménagée (UHSA) de Bordeaux.

Des surveillants ont pris leur service avec des retards dans une dizaine d'établissements (Bapaume, Beauvais, Laon, Lille-Loos-Sequedin, Perpignan, Melun, Val-de-Reuil, Rennes-Vezin, Lorient, Valence).

Les syndicats Ufap-Unsa Justice (majoritaire), CGT pénitentiaire et SNP-FO ont appelé à "un blocage total" des 188 prisons du pays à partir de lundi 06h00 (05h00 GMT). Jean-François Forget, de l'Ufap-Unsa, a souhaité des mobilisations "fortes, propres, qui fassent bouger les lignes en vue de discussions sérieuses avec les représentants de l'Etat".

NOUVELLE MISE EN EXAMEN

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a "pris acte du refus des deux organisations syndicales de l'entente Ufap-Unsa Justice/CGT pénitentiaire de signer" samedi le texte détaillant les propositions de l'administration pénitentiaire. SNP-FO, qui n'a pas pris part aux discussions avec la DAP, avait qualifié l'accord de "fumisterie".

Ce document prévoyait la création de 1.100 postes de surveillants en quatre ans, dont 100 cette année et définissait un nouveau régime de détention pour les détenus radicalisés et un renforcement de la prise en charge des détenus violents.

Entamé il y a une semaine, le mouvement de débrayage a été provoqué par l'agression à l'arme blanche de trois surveillants et d'un gradé de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 11 janvier, par un détenu allemand converti à l'islam.

Ce dernier a été mis en examen pour tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique. Plusieurs autres agressions de surveillants ont été commises depuis.

L'agresseur présumé de deux surveillants à la prison de Borgo (Haute-Corse) a été mis en examen et écroué pour tentative d'assassinat, a annoncé dimanche la procureure de la République de Bastia, Caroline Tharot, qui a exclu toute motivation à caractère terroriste.

Agressés vendredi à l'arme blanche par ce détenu islamiste radicalisé, les deux surveillants sont toujours hospitalisés dans un état stable, leurs jours ne sont pas en danger. Quinze et 45 jours d'interruption de travail leur ont été respectivement prescrits.

(Julie Carriat avec Emmanuel Jarry à Paris et Paul Ortoli à Ajaccio, édité par Henri-Pierre André)