Des personnes sont "affamées" en Corée du Nord, selon un expert de l'ONU

DES PERSONNES SONT "AFFAMÉES" EN CORÉE DU NORD, SELON UN EXPERT DE L'ONU

par Stephanie Nebehay

GENÈVE (Reuters) - Un expert des droits de l'homme des Nations Unies a exprimé mardi son inquiétude face à ce qu'il nomme "des pénuries alimentaires et une malnutrition généralisées" en Corée du Nord, exacerbées par la fermeture de la frontière avec la Chine pendant près de cinq mois et les mesures de quarantaine strictes contre le coronavirus.

Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC) a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à "reconsidérer les sanctions" contre ce pays isolé afin d'assurer la circulation des denrées alimentaires.

La Corée du Nord, qui a connu une famine au milieu des années 1990 qui aurait fait jusqu'à 3 millions de morts, est l'un des seuls pays à ne pas avoir signalé de cas de coronavirus à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La pandémie a entraîné des "difficultés économiques dramatiques", a déclaré Tomas Ojea Quintana, notant une chute de 90 % des échanges commerciaux avec la Chine en mars et avril.

Selon lui, "les perspectives d'une nouvelle aggravation des pénuries alimentaires et d'une insécurité alimentaire généralisée sont alarmantes".

"On nous a rapporté une hausse du nombre de sans-abri dans les grandes villes - notamment des kotjebi (enfants des rues), et le prix des médicaments serait monté en flèche. Un nombre croissant de familles ne mangent que deux fois par jour, ou ne mangent que du maïs, et certaines sont affamées", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Elisabeth Byrs, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, a déclaré lors d'un point de presse à Genève que la situation humanitaire en Corée du Nord "reste préoccupante".

Plus de 10 millions de personnes, soit 40% de la population, ont besoin d'une aide humanitaire. "La malnutrition a été persistante et généralisée, causant des dommages à long terme sur la santé et le développement des enfants, ainsi que sur celle des femmes enceintes et allaitantes", a-t-elle ajouté.

(Stephanie Nebehay; version française Kate Entringer, édité par Jean-Michel Bélot)