La personnalité "caméléon" de Jonathann Daval mise en lumière au 4e jour de son procès

La matinée de cette quatrième journée de procès a été consacrée aux auditions des psychologues et psychiatres qui ont examiné Jonathann Daval pendant l'enquête.

"Sois un homme, prends tes responsabilités!", lui intimait Isabelle Fouillot mercredi lors de son témoignage devant la cour d'assises de Haute-Saône. Alors que la famille d'Alexia Fouillot réclame toujours "la vérité" et le "pourquoi" d'un tel déferlement de violences à l'encontre de leur fille, l'examen de la personnalité de Jonathann Daval est centrale dans ce dossier alors que la cour d'assises tente de se mettre dans la tête de l'accusé.

Le procès de Jonathann Daval a pu reprendre ce mercredi après le malaise dont a été victime l'accusé la veille, lors de son interrogatoire. Un malaise qui trouverait d'ailleurs ses origines dans le psychisme de ce dernier, alors que trois experts ont été entendus ce jeudi matin par la cour d'assises.

"Son corps a parlé, il ne pouvait plus échapper à ses deux personnalités qui étaient en train de se réunir, de se confronter en lui, la seule solution pour y échapper, c’était que son corps lâche", estime Tony Arpin.

"Immature"

Pendant près de deux heures, ce psychologue qui a examiné Jonathann Daval lorsqu'il était incarcéré à la maison d'arrêt de Dijon en 2018, six mois après les faits, a décrit un accusé "immature". Appartenant à une fratrie de six enfants, Jonathann Daval a perdu son père à l'âge de 12 ans. Il s'est décrit, auprès d'un autre psychiatre, comme l'enfant le moins compliqué, protégé par ses proches. Pendant son enfance, il a souffert du surdité puis a été contraint de porter un corset pour corriger une scoliose, faisant alors l'objet de moqueries.

Le psychologue évoque alors un homme qui n'est pas de nature séducteur, qui a une mauvaise image de lui-même et qui est d'autant plus surpris qu'Alexia Fouillot, alors âgée de 16 ans, fasse le premier pas. La suite s'enchaîne avec un mariage en 2015, puis l'achat d'un pavillon avant ce projet d'enfant auquel la victime était tant attachée. Une vie d'adulte inenvisageable pour Jonathann Daval, selon les experts.

"Il appréciait beaucoup ce cocon que lui offrait sa mère, puis celui des parents d’Alexia, analyse le psychologue. Il faut considérer Jonathann Daval comme un enfant. Il est incapable de prendre des responsabilités d’adulte. Quand il le faut, il fuit. D'où la manipulation et la séduction."

Une personnalité "caméléon"

La personnalité de Jonathann Daval est alors décrite comme "mal construite" relevant d'ailleurs de deux facettes. "Une personne qu'il donne à montrer, comme il faut, il travaille, aime sa femme, achète une maison, veut un enfant", développe le psychologue. Et une autre personnalité plus "dominatrice", "agressive" poussant alors l'accusé à exister "en fonction" de ce que les autres attendent de lui, une personnalité "caméléon".

Jonathann Daval avait "un amour admiratif, une adoration pour son épouse, comme un enfant envers sa mère", fait d'ailleurs valoir l'expert psychiatre qui a rencontré l'accusé le 26 juin 2018, à la veille de son rendez-vous avec la juge d'instruction où il va évoquer la théorie du complot familial.

Hormis cette dualité, Jonathann Daval a développé deux autres mécanismes de défense après le meurtre d'Alexia Fouillot : le "déni", se persuadant que la personne qu'il est ne peut avoir commis un tel acte puis la "projection" en accusant quelqu'un d'autre à sa place, développe le psychologue Tony Arpin.

"Il peut avoir des réactions agressives"

Jonathann Daval a reconnu avoir étranglé sa femme Alexia, après l'avoir rouée de coups, pendant 4-5 minutes. "Je voulais qu'elle se taise", a-t-il répété à la juge d'instruction pendant toute la procédure. Une version qui coïncide selon l'expert-psychiatre, pour qui l'étranglement avait pour but d'"annihiler sa capacité oratoire".

L'accusé a toujours dit que ce 27 octobre 2017 Alexia Fouillot l'avait insulté, humilié. L'a-t-elle menacé de le quitter comme l'a suggéré mercredi Isabelle Fouillot, expliquant alors le passage à l'acte d'un homme décrit comme "égocentré" ?

"C'est ce qu'on appelle une faille narcissique, quand on a une personnalité qui se structure par rapport aux personnes à côté de soi, alors si l’objet aimé sur lequel on s’appuie s’éloigne, elle se fissure. Jonathann Daval ne supporte pas la rupture, il ne peut pas l’envisager. Il peut avoir des réactions très agressives", conclut le psychologue.

Article original publié sur BFMTV.com

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