Publicité

La perpétuité requise contre le jihadiste français Tyler Vilus

L'avocat général a demandé à la cour d'assises de Paris d'assortir cette peine de la période de sûreté maximale.

Le "cas exceptionnel" d'un "jihadiste intégral": l'accusation a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité contre le jihadiste français Tyler Vilus, "émir" de Daesh, pour des crimes commis en Syrie de 2013 à 2015.

L'avocat général Guillaume Michelin a demandé à la cour d'assises de Paris d'assortir cette peine de la période de sûreté maximale, "qui n'est que de 22 ans, hélas", face à un homme dangereux qui "n'a pas changé d'un iota". "Quand on dissipe les rideaux de fumées autour de Tyler Vilus, on ne voit que des cadavres. Il vous revient de mettre un terme définitif à ce carnage", a-t-il lancé à la cour.

"Toutes les étapes du parcours de l'accusé, 30 ans, sont imbriquées dans celles de la construction du califat", a asséné l'avocat général, décrivant le profil "exceptionnel" d'un homme qui a mis son intelligence au service du terrorisme.

Tyler Vilus est l'un des premiers de sa génération à gagner la Syrie, pour un premier séjour dès la fin 2012, et l'un des rares individus encore vivants à en être revenu.

"Bottin du jihad"

"Ouvrir le dossier Vilus, c'est ouvrir le bottin des personnalités jihadistes francophones. Il les connaît presque toutes", ajoute-t-il, avant d'énumérer les noms d'Omar Diaby et Mourad Fares, recruteurs d'une vaste filière, de Rodrigue Quenum, pris en photo tenant par les cheveux une tête fraîchement coupée, son "frère" Rached Riahi, membre de la filière dite de Cannes-Torcy, probablement mort en Syrie et surtout, de l'équipe des attentats du 13 novembre 2015.

Installé dans la région d'Alep (nord-ouest de la Syrie) en mars 2013, il annonce dès l'été sa promotion à sa mère - elle-même condamnée à dix ans de prison pour ses voyages en Syrie auprès de son fils et pour financement du terrorisme: "En plus d'être flic, je suis devenu émir d'un groupe de Français".

Pour l'avocat général, il est "un chef de guerre": posté à Hraytan, dans la périphérie d'Alep (ouest), il participe à la tête d'un groupe de combattants francophones à des "opérations de nettoyage", il est "félicité pour son efficacité meurtrière".

Sur une scène d'exécution

A partir de 2014, il s'établit comme "policier islamique" à Shaddadi, dans l'est. Il apparaît dans une vidéo diffusée en 2015 par le bureau médiatique de Daesh: deux anciens soldats prisonniers sont exécutés d'une balle dans la tête. Visage découvert, équipé d'un talkie-walkie et d'un pistolet automatique, Tyler Vilus se tient debout, sur la même ligne que les bourreaux.

L'accusé, qui encourt la prison à vie pour ce crime, a dit être là un peu par hasard, "à la sortie de la mosquée". Une défense balayée par l'accusation, pour qui Tyler Vilus ne fait qu'exercer ses fonctions. "Il fait partie de l'unité chargée d'infliger les châtiments, il est parfaitement logique qu'il soit sur une scène d'exécution: telle est sa fonction de policier", selon l'avocat général.

Comme la DGSI et le juge d'instruction, Guillaume Michelin ne crois pas que Tyler Vilus ait renoncé à ses projets mortifères. Et si aucune preuve n'a permis de le rattacher aux attentats du 13 novembre 2015, il estime qu'il revenait en France pour "frapper", comme il le dit à Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur des attentats parisiens après son arrestation en Turquie le 2 juillet 2015.

Ayant gardé son téléphone quelques jours, il écrit: "sa change rien.quand je sort jagis" - et affirmera aux enquêteurs qu'il cherchait à amadouer Daesh pour gagner la Mauritanie, via Prague. Un scénario contredit par ses messages à son "frère" Rached Riahi, resté en Syrie, à qui il fait part de la crainte qu'il éprouve face à la promesse d'une mort en martyr, selon l'accusation.

"S'il avait dû prendre part à ces attentats, il en aurait été un des responsables ou le responsable", a martelé l'avocat général, appelant à une vigilance extrême face à un terroriste charismatique, qui exerce "une emprise caressante" sur ceux qui l'approchent et est demeuré "un émir". Le verdict est attendu dans la soirée après les plaidoiries de la défense.

Article original publié sur BFMTV.com

Ce contenu peut également vous intéresser :