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Perpétuité confirmée pour Carlos pour l'attentat du drugstore

Un des avocats d'Ilich Ramirez Sanchez, Francis Vuillemin. La cour d'assises de Paris spécialement composée de magistrats professionnels a confirmé jeudi en appel la condamnation à la prison à perpétuité d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, pour l'attentat, il y a 44 ans, du drugstore Publicis. /Photo d'archives/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - La cour d'assises de Paris spécialement composée de magistrats professionnels a confirmé jeudi en appel la condamnation à la prison à perpétuité d'Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, pour l'attentat, il y a 44 ans, du drugstore Publicis.

Figure mythique de l'activisme armé d'extrême gauche, il avait été condamné en première instance à cette peine en mars 2017, pour le jet d'une grenade dans ce lieu très fréquenté de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, le dimanche 15 septembre 1974.

Il avait alors fait appel.

Carlos, d'origine vénézuélienne, qui se présente encore à 68 ans comme un "révolutionnaire professionnel", a invoqué l'absence de preuve, selon lui, de son implication dans cet attentat qui a fait deux morts et 34 blessés.

L'ancien cadre opérationnel du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a refusé jeudi de comparaître et n'a donc entendu ni la plaidoirie de ses avocats, ni le verdict de ce qui devrait être son dernier procès.

La cour a estimé que l'enquête, les éléments du dossier et les débats à l'audience avaient démontré qu'il était "l'individu qui a lancé cette grenade", suivant ainsi le ministère public.

La présidente de la cour a notamment rappelé que l'attentat avait été revendiqué le 17 septembre 1974 auprès de l'AFP et de Reuters par un homme se présentant comme le porte-parole de l'Armée rouge japonaise.

Cet homme avait expliqué que cette action visait à faire pression sur les autorités françaises et néerlandaises, alors que des membres de ce groupe retenaient 11 personnes en otages à l'ambassade de France à La Haye pour faire libérer un des leurs.

La prison à perpétuité "se justifie également au regard de l'absence totale d'amendement de l'intéressé, qui revendique ne rien regretter de ses actions passées", a déclaré la présidente de la Cour, qui a rappelé que Carlos disait être "l'auteur de 83 exécutions et l'inspiration d'au moins 1.500 autres".

L'enjeu de ce procès était cependant réduit par le fait que Carlos, arrêté au Soudan en août 1994 par les services spéciaux français, avait déjà été condamné définitivement deux fois à la réclusion à perpétuité : le 24 décembre 1997 pour l'assassinat en 1975 de deux policiers français et de leur informateur, à Paris, et en 2011 pour complicité dans quatre attentats qui ont fait 11 morts et 150 blessés en 1982 et 1983.

Un de ses avocats, Francis Vuillemin, a dénoncé dans une déclaration à Reuters un "procès crépusculaire, une pièce de théâtre judiciaire dont la fin était écrite à l'avance, sauf l'imprévisible éclipse de son imprévisible acteur principal".

"Un pourvoi en cassation sera sans doute formé", a-t-il ajouté.

(Emmanuel Jarry, édité par Simon Carraud)