Le permis à points a-t-il prouvé son efficacité ?

Depuis son instauration en 1992, le permis à points a contribué à réduire de plus de moitié le nombre de personnes tuées sur la route.

Ce dimanche, Éric Zemmour a fait plusieurs propositions sur la sécurité routière et a notamment critiqué le permis à points qu'il souhaite supprimé. Depuis son instauration en juillet 1992, ce dispositif a-t-il fait ses preuves ?

C'est une nouvelle déclaration d'Éric Zemmour qui ne passe pas inaperçue. Pourtant pas encore officiellement candidat à la présidence de la République, l'essayiste et polémiste d'extrême-droite a fait plusieurs propositions sur la sécurité routière, comme la suppression du permis à points. Selon lui, il ne "sert à rien" et il s'agit même d'un "racket organisé par l'État" en évoquant le prix trop élevé d'un stage de récupération des points ainsi que les nombreux coûts que représentent l'obtention du permis de conduire et l'utilisation d'un véhicule.

Le polémiste controversé prend également l'exemple de la Suisse, la Suède ou encore la Finlande qui n'ont pas de système de permis à points et ont pourtant moins d'accidents et de morts sur les routes que la France, mais où les limitations de vitesse sont plus basses que dans l'Hexagone.

Entre 2 et 3 fois moins de mort depuis son instauration

Instauré en France en 1992, le permis à points s'inscrit "avant tout dans une démarche pédagogique" et a pour objectif "d'éviter l'infraction et sa récidive", indique la Délégation à la sécurité routière (DSR). L'administration rattachée au ministère de l'Intérieur justifie la mise en place du dispositif en indiquant qu'une infraction au code de la route est "à l'origine de 9 accidents sur 10" et que la perte de point(s) est "une alerte qui amène le conducteur à prendre conscience de la nécessité d'une conduite raisonnable."

Depuis son instauration le 1er juillet 1992, le permis à points a contribué à réduire de plus de moitié le nombre de personnes tuées sur la route. Au moment de son instauration, plus de 9000 personnes perdaient la vie chaque année sur les routes de France contre moins de 3500 sur ces dernières années. L'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) indique que le permis à points est en grande partie responsable de cette baisse et que ses effets ont été amplifiés ces dernières années avec la mise en place des radars automatiques.

Au fil des ans, le nombre de permis au capital de points rétabli chaque année ne cesse d'augmenter et cela coïncide avec une baisse du nombre de décès sur les routes chaque année. L'ONISR indique que cet "instrument privilégié du dispositif de prévention et de lutte contre l’insécurité routière" révèle l'évolution du comportement des usagers de la route.

"Une prise de conscience" chez les professionnels de la route

Marianne Abramovici, qui a travaillé sur la formation à la conduite et à la sécurité routières en France entre 2004 et 2009, nous explique que ce système de permis à points à aider certains automobilistes à adopter un comportement plus responsable pour la route. "Chez les professionnels de la route il y a eu une prise de conscience du fait que perdre ses points pouvait être associé au fait de ne plus avoir le droit d'exercer son métier. Chez les professionnels de la route comme les routiers, les taxis, les commerçants itinérants il y a eu un effet important."

Concernant les non-professionnels, ils ont également redoublé de vigilance, estime Marianne Abramovici, mais pas tous. Les automobilistes ayant les comportements les plus dangereux n'ont pas vraiment changé avec cette réforme, à l'inverse de ceux qui commettaient des petites infractions : "Les comportements faciles à changer sont ceux qui coutaient 2 points. Mais par exemple, le fait de rouler avec un taux d'alcoolémie trop important, je ne suis pas sûr qu'il y ait eu un effet car c'est vraiment ancré dans la personnalité. Les gens ayant les comportements les plus dangereux n'ont pas réellement changé avec cette réforme", conclut-elle.

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