Qui est Pere Guardiola, le frère de Pep et patron de Gérone, le leader surprise de la Liga ?
Six victoires en six rencontres de Premier League, un Erling Haaland déjà en feu et une campagne de Ligue des champions démarrée par un succès très tranquille (3-1 contre l’Etoile Rouge de Belgrade). Si l’élimination en League Cup cette semaine constitue un petit accroc, Pep Guardiola a de quoi avoir le sourire en ce début de saison. Mais dans la famille Guardiola, le chef d'orchestre de Manchester City n’est pas le seul à briller. Bien moins connu du grand public, un certain Pere Guardiola, 47 ans, peut lui aussi se targuer d’enchaîner les succès. Sans avoir les mêmes moyens que son aîné de 52 ans. Avec Gérone, dont il est depuis 2020 le président du conseil d’administration, il occupe aujourd’hui la tête de la Liga. Oui, devant le Real Madrid et le FC Barcelone, rien que ça.
Avant la huitième journée, la cité catalane aux 100.000 habitants n’a toujours pas perdu et se présente en totale confiance à l’heure de défier la bande de Carlo Ancelotti, samedi (18h30), dans son stade Montilivi de 13.500 places. Revenu dans l’élite l’année dernière, Gérone s’appuie sur un football résolument offensif, porté par un jeu proactif et des individualités épatantes à l’image d’Artem Dovbyk. Débarqué cet été pour sept millions d’euros, après avoir un temps été murmuré du côté de Marseille, le buteur ukrainien (26 ans) a déjà planté à trois reprises. Citons aussi la patte gauche de son compatriote et compère d’attaque Viktor Tsygankov (25 ans), l’expérience apportée par l’international néerlandais Daley Blind (33 ans), et la bonne pioche Savio (19 ans), un milieu brésilien prêté par Troyes… qui avait lâché six millions d’euros pour le faire venir de l’Atlético Mineiro en 2022.
De l'électromécanique à Nike
Un investissement conséquent impulsé par le City Football Group, ce fonds émirati propriétaire de Manchester City qui possède le contrôle total ou partiel de nombreuses écuries à travers le monde, dont Troyes et Gérone. Si l’Estac traîne actuellement dans les dernières places de la Ligue 2, la situation est bien plus réjouissante en terre catalane. Et Pere Guardiola n'y est pas pour rien. Modeste footballeur dans sa jeunesse, le frère de Pep s’est d’abord lancé dans des études en électromécanique, comme le rapporte Relevo. Avant de se tourner vers le marketing et de débarquer chez Nike en 1997. Pendant douze ans, il s'est occupé des contrats de sponsoring des plus grands noms du vestiaire du Barça comme Gerard Piqué, Sergio Busquets et Carles Puyol, tout en s’occupant en parallèle des intérêts de Ronaldo et Ronaldinho. En 2009, il a lâché la marque à la virgule pour fonder sa propre agence de représentation de joueurs et de conseil sportif, Media Base Sports, aux côtés de Jaume Roures, le boss de Mediapro.
Ensemble, ils ont notamment facilité l’arrivée de Luis Suarez au Barça après la Coupe du monde 2014. Ambitieux et réputé excellent négociateur, Pere Guardiola, qui réside à Londres, n’est pas rassasié. Alors en 2017 il atterrit à Gérone en récupérant 16% des parts du club, l’année où le City Group fait son entrée dans l’actionnariat. Trois ans plus tard, il prend les commandes du conseil d’administration, une activité qu’il combine aves ses fonctions au sein de Sports Entertainment Group, une agence de joueurs de premier plan. "Dire que nous sommes la réserve de Manchester City est absurde. C’est n’importe quoi. Nous avons réhaussé notre plafond salarial parce qu’on a bien acheté et bien vendu. On a des nouveaux sponsors et davantage de recettes de billetterie. On a connu des échecs, des promotions et des relégations. Aujourd’hui, nous sommes tous très fiers. Jai fait une capture d’écran du classement (de la Liga). Mais nous devons garder les pieds sur terre", confie-t-il ce vendredi dans les colonnes de Sport.
"Il résout tous les problèmes"
"C'est une personne fiable et c'est très difficile de trouver ce genre de personne dans le monde du football. C'est un homme habile, compétent et très intelligent", dit de lui le directeur du football de Manchester City, Txiki Begiristain, auprès du média Relevo. "Il voit toujours le côté positif des choses. C'est une personne optimiste. C'est facile de travailler avec lui, il ne panique jamais. Il trouve toujours des solutions. Dans le travail, c'est important et réconfortant d'avoir quelqu'un qui dégage une telle énergie", appuie Ferran Soriano, le patron exécutif du City Football Group. Directeur sportif de Gérone, Quique Cárcel loue aussi la faculté de son patron à "résoudre tous les problèmes". "Il me répète toujours : 'Calme-toi, calme-toi. Si ça ne marche pas, on trouvera une autre solution.' Il est ambitieux, sérieux et a une grande capacité de travail. Sa détermination à faire avancer les choses est brutale. En fait, il est comme un footballeur capable de tirer un penalty à la dernière minute", image-t-il.
Entraîné par l’Espagnol Michel (qui n'a absolument aucun lien avec l'ex-entraîneur de l’OM), Gérone vise avant tout le maintien cette saison. Tout en renforçant son identité autour de joueurs formés au club ou habitués aux pelouses de Liga. "Nous sommes la première équipe de Catalogne. Nous sommes un peu un exemple en suivre et nous en voulons toujours plus", martèle Pere Guardiola. Pour continuer à grandir, le City Group a prévu de lâcher prochainement 25 millions d’euros pour offrir à Gérone de nouvelles infrastructures, et étirer le conte de fée.