"Je pense avoir déjà marqué le karaté": pourquoi Steven Da Costa ne court pas après les médailles

"Je pense avoir déjà marqué le karaté": pourquoi Steven Da Costa ne court pas après les médailles

Steven Da Costa, dans moins d’un an, ce sont les Jeux olympiques. Il y a 3 ans, le karaté attendait ce moment, vous alliez aller chercher la qualification. Qu’est-ce que ça fait de regarder ça de l’extérieur, cette fois-ci ?

On s’y fait. On n’a pas trop le choix. L’ambiance est différente et tout ce qui va autour, à commencer par la motivation. Quand on a connu l’air des JO, on s’y fait, car on n’a pas le choix.

Vous êtes peu sorti en compétition cette année. Pourquoi ?

Je combats moins, car il n’y a pas de qualification à aller chercher. Ça évite de combattre toutes les deux semaines. Ce n’est pas plus mal. J’ai eu quelques bobos qui trainent. J’essaye de faire quelques calculs intelligents pour arriver prêt sur les gros événements. Je pense que c’est une stratégie qui va continuer.

Vous évitez les régimes, vous pouvez vous cacher aussi ?

Tout ça rentre en compte. La nutrition, ça me fait des diètes en moins. On a connu des années très compliquées en pré-sélection des Jeux Olympiques. Ça permet de faire souffler le corps. J’ai des blessures qui traînent et qui reviennent comme le pied. Ce sont des blessures que je soigne mais qui reviennent. En faisant ça, on se préserve un peu, pour répondre présent sur les grands rendez-vous.

Sur votre seule sortie en compétition depuis les championnats d’Europe, vous avez perdu en 8e de finale à Dublin. Quel enseignement en tirer ?

C’est un bilan relativement positif. Je me suis senti bien sur cette compétition. Je n’avais plus combattu depuis le mois de mars. J’ai peut-être eu un manque de repères. Je fais des petites erreurs et je le paye cher. Je mène tout le combat et je fais une faute à la fin. Je suis déçu mais sans plus. Ce n’est pas comme si je m’étais fait nettoyer. C’est un peu chiant, parce que ça fait longtemps. Ça n’a pas été un coup dur non plus, car ça reste une petite erreur.

Vous n’êtes plus numéro un mondial, mais troisième. Cela revêt une importance à l’heure de monter sur les championnats du monde.

Je sors beaucoup moins, alors que ces mecs-là font toutes les compétitions. C’est logique. Je viens pour chercher une troisième couronne. Je pense que je reste dans les favoris. On verra bien le jour J.

Est-ce qu’il y a maintenant l’envie de battre des records ?

Les Jeux ont tout changé. Je ne regarde pas ça. Je pense déjà avoir marqué le karaté. Je ne suis pas dans la course au palmarès. Ce serait magnifique d’aller en chercher une troisième. Si demain ce titre n’est pas là, et qu’il n’y en a plus, ça sera sans regret. Aujourd’hui, il ne me manque rien. On y va pour gagner. Si on peut aller toucher des records, on y est.

Êtes-vous toujours dans le flou quant à la suite à donner à votre carrière ?

Je ne sais toujours pas. Pour l’instant, ça marche encore, et j’ai encore le truc. A voir. Pour l’instant je suis encore dans le flou.

"Il restera dans les highlights un petit moment"

Avez-vous l’impression d’être entré dans le cœur des gens depuis le titre olympique ? De ne pas avoir été oublié ?

Ce sont les JO qui font ça. Le titre olympique change un nom, change une carrière, un statut. Je ne fais spas attention à ça. Les gens n’oublieront pas car ç’a été un très gros événement pour le karaté, mais sans y faire vraiment attention.

On a l’impression qu’il y a un gros turnover en ce moment en karaté. Place à une nouvelle génération ?

Tous ceux qui ont tiré sur la corde pour aller aux Jeux sont paris. Il y a pas mal de jeunes. Ça se reconstruit plus ou moins partout. Je pense que c’est dans ma catégorie des 67 kilos qu’il y a le moins de changement. C’a toujours été une catégorie plutôt jeune. Le top 10 de ma catégorie a été plus ou moins dans mes âges. Je te dirais que je suis davantage près de la fin que du début. Je vais sur mes 27 ans, ce n’est pas très vieux.

Vous pensez aussi aux équipes lors de ces Mondiaux ? Vous n’avez jamais gagné ce titre mondial. La France n’en a pas remporté depuis 2012.

Il y a du lourd avec l’Egypte, la Jordanie, l’Iran, ces pays qu’on voit de moins en moins comme le Japon et le Kazakhstan. Ça serait magnifique de remporter l’or par équipe. C’est une médaille qui me manque, peut-être la seule. Un titre par équipe, ça reste longtemps. En 2012, c’était grandiose, et à l’époque déjà, cela faisait longtemps que la France attendait ça. On a terminé troisième en 2016, mais ce n’était pas comme de l’or. On a une belle équipe sur le papier. Il y a deux ans, personne ne s’attendait à voir les Italiens gagner. Souvent sur un par équipe, ce n’est pas forcément la plus belle équipe sur le papier qui gagne. C’est celle qui a la plus belle mentalité. La magie des équipes, c’est de voir des gens transcendés. Tout le monde doit assumer son statut le jour J, que tout le monde ramène sa pierre à l’édifice. Il faut se dire ‘il faut que je gagne pour les autres’. Il y a une bonne ambiance, on se connait depuis pas mal d’années.

Un dernier mot sur votre coup de pied, ura mawashi geri, qui vous fait gagner en finale des JO. On le revoit de temps en temps sur les réseaux sociaux. C’est une frappe qui va rester dans les mémoires ?

Elle est tombée sur les dernières secondes, c’est ce dont on se souvient le plus. J’en ai fait d’autres belles, mais aux JO, elle marque ! C’a fermé le combat. Terminé. Il restera dans les highlights un petit moment je pense.

Article original publié sur RMC Sport