"Je pensais que c'était derrière nous": le maire de Londres Sadiq Khan choqué par les émeutes racistes

Le calme après la tempête. Outre-Manche, ce n'est pas un cri de victoire, ni un cri de défaite. Les manifestations xénophobes qui ont commencé le week-end dernier, se sont certes calmées, mais la vigilance, elle, reste de mise. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a appelé jeudi 8 août à ne pas "relâcher" les efforts contre ces violences qui ont surgi après le meurtre de trois fillettes le 29 juillet dernier.

Même son de cloche pour le maire de Londres, Sadiq Khan, qui assure ne pas comprendre "comment quiconque peut mettre la main sur son cœur et dire que le pire est derrière nous, que c'est mission est accomplie."

"Londres rejette les racistes"

En effet, tout reste encore à faire en Angleterre, si le pays se réveille doucement, sans incidents, c'est surtout grâce au déploiement inédit des forces de l'ordre dans les villes britanniques. En tout plus de 6.000 policiers, du jamais-vu depuis les émeutes de Londres en 2011, lorsqu'un homme noir avait été abattu par la police dans le nord de Londres.

"Ce qui me brise le cœur, c’est que la génération de mes enfants n’avait jamais vécu ce que j’ai vécu. Et pour la première fois, ils ont eu peur. Je pensais que je serais la dernière génération à avoir peur, simplement à cause de qui ils sont. Et cela me brise le cœur", confie Sadiq Khan au Guardian.

Pour lui, ainsi que pour un grand nombre d'Anglais, les événements de ces deux dernières semaines ont été particulièrement éprouvants. Un espoir renaît pourtant avec ces rassemblements pacifistes contre l'extrême droite du jeudi 8 août. Dans un post sur X, le maire de Londres a publié un message clair en relayant la une du Evening Standard: "Londres rejette les racistes."

Des manifestations de haine qui font écho à l'enfance de l'élu: "j'ai grandi dans les années 1970 et 1980 et j'ai connu le Front national et le BNP (le British National Party, un parti nationaliste britannique d'extrême droite, NDLR). Je pensais que c'était derrière nous." Désormais, "les gens réfléchissent à deux fois avant d'aller à la mosquée, à la prière du vendredi", affirme le maire de Londres de confession musulmane.

Les réseaux sociaux, berceau de désinformation

De fait, les mosquées sont les premières cibles de ces émeutes après de nombreuses fausses théories sur le profil de l’assaillant, selon lesquelles le suspect est un demandeur d'asile ou immigrant musulman. Sur les réseaux sociaux, Sadiq Khan témoigne du manque de sécurité des minorités après la campagne de dénigrement de l'extrême droite.

Sur les réseaux sociaux, la haine n'a fait que s'accroître. En cause: les groupes d'extrême droite et notamment le fondateur de l'English Defence Ligue (EDL), Tommy Robinson, qui a largement utilisé X pour lancer des appels aux manifestations, tout en alimentant ses 900.000 abonnés de fausses informations.

Désormais, pour Sadiq Khan, "des mesures doivent être prises, il faut trouver une loi contre la désinformation". Il a d'ailleurs averti que les politiciens étaient également vulnérables à la désinformation et coupables de diffuser de fausses informations.

Article original publié sur BFMTV.com