Pendant les vacances, ces parents d’enfants en bas âge s’ennuient : « On fait les mêmes choses tous les jours »
PARENTALITÉ - « Les enfants adorent la répétition. Mais moi, je n’ai pas forcément envie de dessiner quinze fois le même animal, relire dix fois le même livre dans la journée », soupire Emma*. La trentenaire rentre de deux semaines de vacances à gérer seule sa fille de quatre ans et, même si elle a été heureuse de passer du temps avec son enfant, elle admet – avec culpabilité – qu’elle s’est aussi beaucoup ennuyée.
Pendant les vacances, les enfants ne s’ennuient plus et voilà pourquoi c’est un vrai problème
Elle n’est pas seule dans ce cas : sur les réseaux sociaux, les parents sont de plus en plus nombreux à reconnaître que, pendant les grandes vacances, les journées à s’occuper d’un ou de plusieurs enfants en bas âge peuvent sembler très longues. Deux mères ont expliqué au HuffPost pourquoi les mois d’été pouvaient être synonymes d’ennui.
Comment occuper un enfant toute la journée
« Il a un an et quelques mois, donc les interactions sont limitées », explique Manon* à propos de son bébé. Quand cette trentenaire a eu l’occasion de réduire sa charge de travail pour passer tout l’été avec son fils et le garder seule pendant les heures de bureau de son conjoint, elle a saisi l’opportunité avec enthousiasme. « Je me suis dit “Je ne vais pas avoir beaucoup d’étés avec lui”, autant en profiter. Sur le papier, c’était une idée très sympa », se souvient-elle.
Dans la pratique, elle comprend rapidement qu’occuper du matin au soir un enfant qui commence à se déplacer et à babiller n’est pas simple. « Il faut être en hypervigilance constante pour ne pas qu’il se fasse mal. Mais à cet âge-là, son temps d’attention est de cinq à dix minutes, donc les activités sont très courtes, il peut se frustrer rapidement », décrit-elle.
Pour remplir les journées, elle parcourt régulièrement les réseaux sociaux en quête d’activités manuelles qui pourraient être agréables pour son fils. « On essaie de faire de la peinture, on joue avec des cubes, on a de la pâte à modeler… Mais pour l’instant, pendant les minutes que dure l’activité, je dois juste répéter en boucle de ne pas manger la pâte ou de ne pas jeter les cubes sur le chat. »
« Je me sens mauvaise mère »
Forcément, pour une adulte, cela peut être redondant et les journées sont parfois très longues. Pendant ses deux semaines de vacances avec sa fille de 4 ans, Emma a eu un œil sur l’horloge. « Jouer aux Playmobil pendant une heure, c’est chiant, les jeux de rôles sont répétitifs. Tous les jours, il faut faire semblant d’être la maîtresse, faire semblant d’être une poule ou un renard dans le jardin… Je sais que ça lui fait plaisir, mais pour moi, ce n’est pas très épanouissant. » Des moments lassants pour la mère, qui confie avoir parfois compté les heures avant le coucher de sa fille.
Son sentiment d’ennui est aussi lié à la routine. « On se lève aux mêmes heures, on mange aux mêmes heures, on va aux mêmes endroits faire les mêmes châteaux de sables, on fait des activités qui se ressemblent, il faut raconter les mêmes histoires avant de dormir… » Un schéma rassurant pour sa fille, mais dont la répétition est étouffante pour Emma, qui s’en veut. « Dans ces moments, j’ai l’impression que je voudrais être ailleurs et je culpabilise. Je me dis qu’il y a des parents qui adorent faire ça, et je me sens mauvaise mère », explique-t-elle.
Faire ça pour eux
Cette lassitude des vacances qu’expriment Emma et Manon, de nombreux parents la racontent sur les réseaux sociaux. Sur son compte Instagram, la journaliste Renée Greusard, qui écrit régulièrement sur les questions de parentalité, a rebaptisé les vacances en « délocalisation parentale » : un changement de lieu qui n’a pas grand-chose à voir avec les congés des nullipares. En premier lieu parce qu’avec la parentalité, la charge mentale augmente, particulièrement pour les mères en couple hétérosexuel, mais aussi parce que la manière d’occuper ses enfants pendant ces longues périodes n’est pas toujours la plus passionnante. D’autres parents profitent de l’anonymat pour vider leur sac sur Reddit, et peuvent compter sur les conseils de leurs congénères pour prendre du recul.
« Être parent, c’est être contraint à l’humilité, souligne Manon qui, dans ces moments d’ennui, essaie de se concentrer sur son fils. Si ce n’est pas marrant pour nous, c’est parce qu’on vit les choses avec une logique d’adulte. Ce qui m’aide, c’est de me rappeler que lui est en train de vivre son enfance. Même si moi, ça me fatigue de lire le même livre plusieurs fois d’affilée, je me dis que c’est une manière de l’aider à affirmer ses goûts à lui, de les valider. Je fais ça pour lui ! »
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