Peine de prison pour trois militants pro-démocratie en Egypte

par Yasmine Saleh LE CAIRE (Reuters) - La cour d'appel du Caire a confirmé lundi la peine de trois ans de prison infligée en première instance à trois figures du soulèvement pro-démocratique contre Hosni Moubarak en 2011, accentuant la pression sur les opposants laïques à un mois et demi de l'élection présidentielle. Les activistes Ahmed Maher, Ahmed Douma et Mohamed Adel, membres du mouvement du 6-Avril, ont été condamnés en décembre pour avoir défié la nouvelle loi limitant le droit de manifester et pour avoir, selon l'accusation, agressé des policiers. L'Union européenne et les Etats-Unis avaient appelé les autorités mises en place par l'armée après le renversement du président islamiste Mohamed Morsi l'été dernier à revenir sur ce verdict particulièrement sévère. Comparaissant lundi dans des cages en fer, vêtus de l'uniforme bleu des détenus, les trois militants ont chanté des slogans contre "le régime militaire" incarné par l'ancien chef des forces armées, le maréchal Abdel Fattah al Sissi, qui a remisé son uniforme le mois dernier pour endosser le costume de grand favori de la présidentielle. "Je ne m'attendais pas à un tel verdict. J'espérais qu'il serait annulé. C'est une très mauvaise nouvelle et cela envoie un signal extrêmement négatif à tous les jeunes qui ont soutenu la révolution de janvier (2011)", a réagi Khaled Dawoud, un autre militant libéral en vue. "UN CLOU DANS LE CERCUEIL DE LA RÉVOLUTION" Ahmed Maher, Ahmed Douma et Mohamed Adel avaient pourtant soutenu les manifestations qui ont conduit au renversement de Mohamed Morsi en juin dernier, avant de dénoncer la dérive autoritaire et liberticide des nouvelles autorités mises en place par l'armée. Outre la répression contre les Frères musulmans du président déchu, sur fond d'attentats islamistes visant les forces de sécurité, le nouveau pouvoir cairote a étouffé toute forme de contestation ces derniers mois, s'attirant de vives critiques des défenseurs des droits de l'homme. "Ce verdict contre trois des figures les plus connues des manifestations du 25 janvier 2011 est un clou supplémentaire planté dans le cercueil de la révolution égyptienne", a commenté Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. "La cour d'appel n'a pas été capable de réparer les pires excès de la campagne gouvernementale de répression de la contestation", a-t-elle regretté. Les pays occidentaux ont appelé les autorités égyptiennes à évoluer vers un système démocratique et à mettre fin aux violations des droits de l'homme, sans pour autant donner l'impression de vouloir faire pression sur Le Caire. La porte-parole de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est attendue mercredi au Caire, a rapporté lundi l'agence de presse officielle égyptienne Mena. (Tangi Salaün pour le service français)