Peine d'inéligibilité requise contre Marine Le Pen: le RN lance une pétition pour "défendre la démocratie"
Le RN monte au créneau. Les procureurs du tribunal judiciaire de Paris ont réclamé ce mercredi 13 novembre une peine d'inéligibilité à l'encontre de Marine Le Pen, trois fois candidate à la fonction suprême et accusée d'avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit de son parti.
"L'exécution provisoire" de la peine d'inéligibilité pourrait empêcher la députée RN de se présenter à l'élection présidentielle en 2027. De quoi pousser son parti, pourtant prompt à juger la justice souvent laxiste, à lancer une pétition en ligne.
"Défendez la démocratie, soutenez Marine", peut-on lire dans un communiqué de presse sur le site du mouvement dirigé par Jordan Bardella.
"Une tentative d'éliminer la voix de la véritable opposition"
"Les procureurs ont requis des peines inouïes, contre Marine Le Pen et les cadres de notre mouvement, sans nuance ni prise en compte des réalités de la vie parlementaire", affirme le RN dans ce texte, accusant la justice de "tentative d'éliminer la voix de la véritable opposition".
Si le tribunal suit dans son jugement prévu dans les prochains mois les réquisitions du parquet, Marine Le Pen n'échappera pas à la peine d'inégibilité et ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle en 2027, même si elle fait appel du jugement.
De quoi passablement inquiéter les ténors du RN qui sont tous montés au créneau depuis mercredi soir pour prendre sa défense.
"Pas aux juges de décider qui peut se présenter à l'élection présidentielle"
Le député RN Sébastien Chenu a dénoncé ce jeudi matin sur BFMTV des réquisitions "indignes" à l'encontre de Marine Le Pen et une "vision politique" du parquet de Paris. La députée européenne Marion Maréchal a de son côté expliqué sur notre antenne que ce n'était "pas aux juges de décider qui peut se présenter à l'élection présidentielle".
Depuis le début du procès fin septembre, Marine Le Pen clame son "innocence", celle de son parti et de ses coprévenus. "Aucun" système, mais beaucoup de "mensonges", de "fictions" et de "malentendus", a-t-elle juré à la barre, disant aussi son "sentiment" que l'opinion du tribunal "était déjà faite".
Après l'annonce des réquisitions ce mercredi, la finaliste de la dernière élection présidentielle a dénoncé la "volonté du parquet de priver les Français de la capacité de voter pour ceux qu'ils souhaitent".
Deux options sur la table pour Le Pen
Dans le cas où Marine Le Pen devait être condamnée à une peine d'inéligibilité à l'issue de ce procès, elle fera sans aucun doute appel de la décision des magistrats. À ce stade, deux scénarios, aux conséquences bien distinctes, sont envisageables.
Si le tribunal décide de suivre les réquisitions du parquet en condamnant Marine Le Pen à une peine d'inégibilité assortie d'une exécution provisoire, elle ne pourra donc pas être candidate à toute élection locale ou nationale le temps de sa peine, soit jusqu'en 2029.
Exit donc l'élection présidentielle en 2027 ou d'éventuelles législatives anticipées d'ici là. Elle resterait cependant bien députée jusqu'à la fin de son mandat, protégé par son statut de parlementaire.
Le pourvoi en cassation, solution toute trouvée
Si le tribunal décide de ne pas suivre les réquisitions du parquet, en condamnant Marine Le Pen sans exécution provisoire, la peine d'inéligibilité sera suspendue en cas d'appel jusqu'à un nouveau procès. Et si elle est condamnée en seconde instance, la cheffe de file des députés RN formera très vraisemblablement un pourvoi en cassation, également suspensif.
Cette procédure prend souvent des années. De quoi laisser augurer de l'absence de condamnation définitive d'ici 2027. En cas de victoire à la présidentielle, la procédure judiciaire serait par ailleurs suspendue le temps de son mandat à l'Élysée.