Pauvreté : le Secours Catholique n’a jamais rencontré « autant de ménages sans aucune ressource »

L’association caritative décrit les démarches pour obtenir des prestations sociales comme un « parcours du combattant ». En cause, entre autres, des « discours accusateurs » envers les allocataires.
SolStock / Getty Images L’association caritative décrit les démarches pour obtenir des prestations sociales comme un « parcours du combattant ». En cause, entre autres, des « discours accusateurs » envers les allocataires.

PRÉCARITÉ - Une solidarité qui bat de l’aile. Dans son rapport annuel sur la pauvreté en France, le secours catholique tire la sonnette d’alarme : pour les plus précaires, l’accès aux droits est de plus en plus compliqué.

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Restrictions des droits, non-recours, galères numériques… L’association caritative souligne les difficultés qui ont touché ses bénéficiaires en 2023, et qui ont aggravé la pauvreté.

Un dénuement qui s’aggrave au gré des réformes

D’après le rapport, si les personnes rencontrées par le Secours Catholiques sont de plus en plus éloignées des aides, c’est « parce qu’une part croissante n’y ont pas ou plus droit ». L’association s’alarme : « Nous n’avons jamais rencontré autant de ménages vivant sans aucune ressource ».

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En plus de l’absence totale d’aide pour les ménages étrangers sans titre de séjour, les durcissements des critères d’éligibilité aux droits sociaux sous les mandats d’Emmanuel Macron ont fait baisser le nombre de bénéficiaires. Le rapport cite ainsi les APL, le RSA et le chômage, précisant que « les réformes de l’assurance chômage ne sont pas pour rien dans le recul de la part de ménages percevant des indemnités (-2 points en deux ans) et dans le basculement d’une partie des chômeurs, découragés, vers l’inactivité ». Parmi ses bénéficiaires, le Secours Catholique note un niveau de vie déjà très faible pour les chômeurs, désormais en recul : 655 € par mois en 2023 contre 685 en 2018.

Des discours « accusateurs » envers les allocataires

L’association caritative décrit les démarches pour obtenir des prestations sociales comme un « parcours du combattant ». En cause, entre autres, des « discours accusateurs » envers les allocataires dans la sphère publique qui ont des répercussions sur les personnes qui ne sont pas perçues comme « méritant une allocation ».

« Les ayants droit sont regardés comme des quémandeurs, et soumis à des dispositifs de contrôle de plus en plus sophistiqués […]. La dématérialisation s’accompagne en effet de l’augmentation des contrôles, de l’automatisation des ruptures de prestations sociales et d’une rigidité qui produit de la maltraitance institutionnelle », détaille le rapport. De quoi créer des sentiments d’exclusion, de découragement et de déprime pour les personnes rencontrées par le Secours Catholique.

Le non-recours aux droits est en augmentation

Autre symptôme de cette difficulté d’accès aux droits pour les plus précaires : un non-recours aux prestations sociales en hausse. En 2010, 26 % des ménages accompagnés par le Secours Catholique avaient droit au RSA mais ne le percevaient pas. En 2023, ce chiffre est plus élevé de 10 points et atteint 36 %, soit plus d’un tiers des bénéficiaires. La réforme du RSA, expérimentée dans 18 départements, est pointée par l’association comme un facteur aggravant.

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Même tendance pour les allocations familiales : « En 2023, 24 % des ménages français éligibles rencontrés ne les percevaient pas, contre 15% en 2010. Le chiffre atteint même 42 % chez les ménages étrangers éligibles en 2023, contrairement à bien des idées reçues », souligne le rapport.

Des constats inquiétants, mais pas irrémédiables. Dans son dossier, le Secours Catholique rappelle que « rien n’empêche de prendre d’autres choix politiques, suivant une autre direction afin de rassembler les citoyens autour de ce qu’ils partagent, à commencer par le désir de solidarité, plutôt que de les diviser ».

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