La pauvreté s’aggrave en France, en particulier dans les zones rurales selon le baromètre du Secours populaire
INÉGALITÉS - Jamais depuis 2013, la précarité n’a été à un aussi haut niveau en France, révèle la 18e édition du baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisé par l’institut Ipsos pour le Secours populaire. Dévoilé jeudi 12 septembre, cet état des lieux annuel met en lumière une nette aggravation de situation financière des Français ces derniers mois.
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Ainsi, 62 % des Français interrogés déclarent « avoir connu la pauvreté ou avoir été sur le point de la connaître », soit une hausse de quatre points par rapport à 2023. Les ouvriers sont les premiers concernés par ce décrochage : ils étaient 74 % l’an dernier, ils sont désormais 80 % à se considérer comme pauvres.
4 Français sur 10 se privent de chauffage
Le baromètre, justement, établit pour la troisième année consécutive un « seuil de pauvreté subjectif ». Selon les Français interrogés, une personne seule doit pouvoir disposer d’un revenu de 1 396 euros par mois pour ne pas être considérée comme pauvre. Ce montant, qui équivaut à 2 euros près au SMIC (1 398 euros net par mois), est plus élevé que le seuil de pauvreté, fixé par l’Insee en 2021 à 1 158 euros pour une personne vivant seule. 9,1 millions de personnes vivent sous ce seuil de pauvreté en France métropolitaine.
Logement, chauffage, nourriture, soins… Cette aggravation de la précarité prive de nombreux Français d’accès à des besoins pourtant essentiels. 43 % des personnes interrogées se privent « parfois ou régulièrement » de chauffage dans leur logement quand il fait froid. 38 % disent rencontrer des difficultés à payer leur loyer ou leur emprunt immobilier, soit une hausse de 4 points par rapport à 2023. 29 % des répondants ont quant à eux du mal à disposer d’une mutuelle. Enfin, 32 % des Français sont dans l’incapacité, de manière occasionnelle ou régulière, de faire trois repas par jour.
La situation encore plus compliquée dans les communes rurales
Bien que la pauvreté s’accroisse partout sur le territoire français, le baromètre note un net décrochage des « petites communes rurales, où les catégories populaires sont très représentées » par rapport aux villes, globalement plus aisées.
Moins bien dotées en services de santé (44 % des ruraux jugent leur accès difficile), les petites communes situées loin des agglomérations sont aussi moins bien loties en ce qui concerne les services publics. Leur accès est d’autant plus compliqué que l’offre de transports en commun est faible, voire inexistante. 59 % des Français résidant en zone rurale estiment ainsi que l’accès aux transports collectifs est difficile, parce que ces derniers sont trop éloignés ou trop irréguliers. « C’est 18 points de plus que pour les réponses de l’ensemble des Français », observe le baromètre.
Cet accès aux services publics ou de santé dans les zones rurales n’est même pas facilité par internet : 40 % des répondants disent avoir de grandes difficultés à disposer d’équipements numériques en état de fonctionnement.
Les ruraux ont aussi moins d’accès aux loisirs et aux sources de distraction que les habitants des villes. 57 % d’entre eux peinent ainsi à partir en vacances au moins une fois par an, alors que les congés « participent au bien-être des personnes et à leur dignité ». 36 % des habitants des espaces ruraux éprouvent par ailleurs des difficultés à prendre soin de leur apparence physique, faute de moyen, et 31 % ont renoncé à pratiquer un sport ou une activité de loisirs.
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