Patrick Baudoin, président de la Ligue des droits de l'homme: «Le génocide, c'est le crime des crimes»
Y a-t-il un « risque de génocide » dans les Territoires palestiniens ? Depuis début novembre, le débat s'est installé autour de l'emploi de ce terme lourd de sens. Des experts de l'ONU ont employé l'expression. Entretien avec Patrick Baudouin, président de l'association Ligue des droits de l'homme (LDH), autour de la notion même de génocide ainsi que des autres outils juridiques mis à la disposition de la justice internationale.
RFI : La rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, parmi d'autres experts des Nations unies, a parlé de risque de « génocide » contre le peuple palestinien. Le terme vous semble-t-il approprié ? Quel regard portez-vous sur le débat suscité ?
Patrick Baudouin : En matière de crimes internationaux graves présumés, il faut toujours avoir le souci d'une grande précision dans la qualification. Ces mots ne sont pas neutres, ils ont une portée politique, humaine et historique. Si l'on observe la situation à Gaza, on voit que l'armée israélienne se livre à une opération d'énorme ampleur, avec des moyens militaires considérables, en particulier des bombardements visant de façon très indiscriminée le territoire de Gaza. Là, on rentre dans une qualification d'atteinte à des populations civiles, alors que dans le cas d'un conflit armé ou d'une guerre, les populations civiles doivent être préservées et le simple fait de les viser, même la destruction de biens de nature civile, immeubles ou autres, rentre dans la qualification des crimes de guerre. Il paraît évident qu'au minimum, on est là en présence de crimes de guerre.
Il y a eu discussion parce qu'il s'agissait d'opposants politiques ?