Pascal Praud dans le JDD : «Mes chers confrères…»
C’est une couleur, un état d’esprit, un confort, entre Pavlov et Panurge : la plupart des journalistes penchent à gauche.
Qu’ils le soient par conviction, par pusillanimité, par mimétisme ou par paresse, il est certain que « la presse française ne risque pas d’avoir un excès d’engagement à droite », comme l’a euphémisé Nicolas Sarkozy, interrogé il y a quelques jours sur le procès en sorcellerie qui est mené contre Geoffroy Lejeune et Le Journal du Dimanche.
Certains journalistes rêvent de journaux sans lecteurs. Ce serait plus commode. Les journalistes écriraient pour les journalistes. Le monde serait merveilleux. Hélas ! Le public existe. Il a toujours raison.
J’ai écrit mes premiers articles à 18 ans dans Ouest-France, à une époque où un jeune homme sans formation et sans expérience pouvait rédiger des papiers de troisième zone dans le premier quotidien français. C’était une façon d’entrer dans la carrière avant de poursuivre l’aventure via des études généralistes – pour moi, ce fut le droit –, ou plus spécialisées – ce fut aussi une école de journalisme. J’ai gardé de mes années Ouest-France le goût pour ce qu’on appelle le journalisme de proximité. Le grand reportage est au coin de la rue.
Carte de prêche
En 2023, le désir de voyages, à Pétaouchnock ou à Trifouilly-les-Oies, laisse place à deux tendances qui révèlent l’état d’esprit de quelques rédactions.
La première est la propension à faire la leçon. La moraline est l’encre du journaliste. Il a sa carte de pr...