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Pas de trace de corruption dans le contrat Eurofighter, selon un rapport autrichien

L'enquête parlementaire conduite en Autriche sur un contrat passé avec Eurofighter a conclu à l'absence de trace de corruption ou de tentative d'influence exercée par Airbus et ses partenaires sur des responsables politiques autrichiens. /Photo d'archives/REUTERS/Wolfgang Rattay

VIENNE (Reuters) - L'enquête parlementaire conduite en Autriche sur un contrat passé avec Eurofighter a conclu à l'absence de trace de corruption ou de tentative d'influence exercée par Airbus et ses partenaires sur des responsables politiques autrichiens. Les parlementaires autrichiens ont ouvert cette enquête en mars pour déterminer si des responsables avaient pu accepter des pots-de-vin de la part du consortium fabriquant l'avion de chasse pour avaliser le contrat. Le parquet de Vienne mène par ailleurs une enquête sur des soupçons de fraude et de tromperie dans le cadre de ce contrat, à la suite d'une plainte du ministère autrichien de la Défense, qui réclame une indemnité susceptible d'atteindre 1,1 milliard d'euros. Airbus, principal actionnaire de ce consortium, et le consortium lui-même, dont font aussi partie le britannique BAE Systems et l'italien Leonardo, se disent victimes d'accusations à motivation politique et ont menacé à leur tour lundi le ministre autrichien de la Défense de poursuites. Les soupçons de corruption de responsables politiques ont émergé presque tout de suite après la signature, en 2003, du contrat original, d'un montant de 1,8 milliard d'euros. L'enquête parlementaire portait sur un accord conclu en 2007 entre l'Autriche et Eurofighter pour réduire la commande de 18 à 15 appareils ainsi que le montant des contrats annexes censés fournir de l'activité aux entreprises autrichiennes, ramené de 4,0 à 3,5 milliards d'euros. L'ancien ministre autrichien de la Défense Norbert Darabos, un social-démocrate, était particulièrement visé par les soupçons. L'enquête parlementaire conclut cependant qu'aucun élément n'a été découvert permettant d'affirmer qu'"il y aurait eu une influence inacceptable sur Darabos et son entourage dans le cadre des négociations". Airbus a refusé de s'exprimer sur ce rapport. On ignore si les conclusions des parlementaires auront des répercussions sur l'enquête parallèlement menée au pénal. "Une enquête parlementaire ne se substitue pas au parquet ni à une juridiction pénale mais elle peut fournir des indications précieuses pour l'enquête du parquet", a jugé le président de cette commission d'enquête parlementaire, Karlheinz Kopf. Tout en écartant les soupçons de corruption, le rapport parlementaire relaie à nouveau les accusations du ministère de la Défense selon lesquelles l'Autriche a été "trompée" au sujet de la capacité du consortium à livrer certains avions conformément au contrat initial. Il reprend aussi des conclusions établies il y a 10 ans selon lesquelles Airbus a versé plusieurs millions d'euros, en lien avec le contrat, contrat Eurofighter à un club de football jugé proche des sociaux-démocrates autrichiens au titre de sponsoring. Les parlementaires reprochent aussi à Norbert Darabos un manque de coordination avec les autres ministères dans la conduite des négociations et un manque de transparence pour permettre un audit du contrat. (Kirsti Knolle; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)