La Chambre reporte son vote sur l'Obamacare, revers pour Trump

par David Morgan et Richard Cowan WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump n'a pas réussi jeudi à convaincre suffisamment de membre de son propre parti républicain d'engager le détricotage de l'Obamacare, contraignant la Chambre des représentants à différer son vote. Ce report marque un revers pour le président américain, qui affrontait là, sous l'oeil attentif de Wall Street, son premier grand test législatif. Il met en doute la capacité du président américain à mettre en oeuvre d'autres pans de son programme nécessitant la coopération du Congrès, y compris ses projets de réforme du code des impôts ou d'investissements massifs dans les infrastructures du pays. La Bourse de New York a basculé dans le rouge en fin de séance à l'annonce du report du vote de la chambre basse du Congrès. La journée était pourtant annoncée comme une victoire symbolique pour les conservateurs, Trump et les dirigeants républicains de la Chambre ayant programmé ce vote le jour du septième anniversaire de l'adoption de la loi emblématique sur l'assurance-santé de Barack Obama. Au lieu de cela, le vote a été repoussé à une date indéterminée. "Ce n'est pas bon. Le marché n'aime pas cela", a commenté David Kotok, patron de Cumberland Advisors, une société de gestion de portefeuille, quand le report a été annoncé. "Un retard sur la santé équivaut à un retard sur les baisses d'impôts. C'est pour cela que le marché a fini dans le rouge", a expliqué Kotok. 21 VOIX Les républicains, avec 237 élus contre 193 pour les démocrates, sont majoritaires à la Chambre des républicains, mais le parti est divisé sur le projet. Les républicains les plus conservateurs, affiliés au Freedom Caucus, estiment que le nouveau texte voulu par le président Trump ne diffère pas assez de l'Obamacare tandis que les modérés craignent à l'inverse que la proposition de loi ne revienne à accroître le nombre d'Américains sans couverture maladie. Baptisé American Health Care Act, le projet républicain annule par exemple l'amende infligée à ceux qui ne souscrivent pas à une couverture santé, réduit le financement de Medicaid, le programme pour les pauvres et les handicapés, et modifie les subventions qui aident les particuliers à s'assurer. L'objectif premier de l'Affordable Care Act (Obamacare) voté en 2010 était de réduire le nombre d'Américains sans aucune couverture maladie. Vingt et un millions de personnes supplémentaires ont ainsi pu être couvertes. Selon le Congressional Budget Office (CBO, Bureau du budget du Congrès), 14 millions de personnes perdront leur couverture santé l'an prochain si le projet de loi républicain est voté. Compte tenu du rapport de force parlementaire et du front uni que présente l'opposition démocrate, le texte sera mis en échec si plus de 21 voix républicaines manquent à l'appel. Jeudi matin, NBC News rapportait que 30 élus républicains prévoyaient de voter "non" ou penchaient en faveur du "non". Le report doit maintenant permettre au président de la Chambre, Paul Ryan, et à son équipe d'adjoints de trouver un terrain d'entente avant de soumettre de nouveau le projet aux voix. Même si le texte est adopté par la Chambre des représentants, la bataille s'annonce tout aussi difficile au Sénat. Les deux chambres du Congrès, à majorité républicaine, avaient initialement espéré pouvoir livrer le texte pour promulgation sur le bureau de Donald Trump le 8 avril, avant une pause parlementaire de deux semaines. (avec Timothy Ahmann, Doina Chiacu, Mohammad Zargham et Roberta Rampton; Danielle Rouquié, Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)