Publicité

Pas d'alternative politique à gauche, dit Valls à sa majorité

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - Il n'y a pas, à gauche, d'alternative crédible à la politique menée par le gouvernement, a déclaré mardi Manuel Valls en réponse aux élus socialistes qui réclament un changement de cap après la déroute subie par le PS aux élections européennes. "Oubliez la démagogie, regardez la réalité en face", a dit le Premier ministre au président du groupe Front de gauche à l'Assemblée nationale, André Chassaigne, une injonction visiblement destinée aussi à l'aile gauche du Parti socialiste. "S'il y avait (...) une alternative aussi évidente à gauche de la politique du gouvernement, alors votre parti aurait fait (...) un autre score à l'occasion des élections municipales ou à l'occasion des élections européennes", a dit Manuel Valls lors des questions au gouvernement. Le Front de gauche a rassemblé 6,33% des électeurs dimanche contre 13,98% pour le Parti socialiste, un score jugé lui-même "très faible" par le Premier ministre au regard des 24,85% obtenus par le Front national. Le Premier ministre a estimé en fin de matinée devant le groupe socialiste que les faibles scores des autres formations de gauche, comme les Verts avec 8,95%, démontrait que le message envoyé par les Français n'était pas une demande de radicalité. "Ce n'est pas le score des autres partis de gauche qui montre qu'il y a une envie d'un programme" plus à gauche, a résumé après son intervention Annick Lepetit, porte-parole du groupe PS. Pour les députés qui ont mené la révolte contre le plan de 50 milliards d'euros d'économies présenté par Manuel Valls pour la période 2015-2017 afin de lutter contre les déficits et baisser les charges des entreprises, une inflexion sociale est pourtant indispendable pour renouer avec les électeurs. "Si on ne ressaisit pas collectivement, et cela passe par l'inflexion de la politique, on va tout droit à la catastrophe, pas simplement pour la gauche en 2017, mais aussi pour le pays", a déclaré à des journalistes le député socialiste Pascal Cherki. "Aujourd'hui, malheureusement, il n'est pas impossible que la future présidente de la République s'appelle Marine Le Pen." "PAS D'AUTRE POLITIQUE POSSIBLE" Tentant de reprendre l'ascendant sur une majorité déboussolée, le Premier ministre a pris la parole pas moins de six fois à l'Assemblée mardi, mettant en garde ses troupes contre "la fuite en avant" que constituerait un renoncement à réduire les déficits ou à restaurer la compétitivité. "Face à un Front national qui fait 25%, quelle est la réponse que nous apportons? Moi, j'ai une intuition, c'est qu'il faut redresser le pays, c'est qu'il faut le rendre plus fort, c'est qu'il faut le rendre plus compétitif", a dit le Premier ministre qui a répété sa détermination à baisser des impôts devenus "insupportables". "Il n'y a pas de politique alternative", tranche-t-on dans l'entourage du Premier ministre, où l'on estime que la pire erreur serait de donner à l'opinion l'impression que le gouvernement change de ligne. Si la ligne se veut inflexible, Manuel Valls pourrait néanmoins procéder à des aménagements "ici ou là", comme il l'a fait en exonérant de l'impôt sur le revenu 1,8 million de contribuables à la rentrée, ajoute-t-on dans son entourage. (Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse)