Les partis d’extrême droite sont-ils tous “fascistes” ?
L’image en une du Spiegel rappelle peut-être la propagande communiste de la guerre froide, mais les trois personnalités qui y sont représentées – Donald Trump, Marine Le Pen et Björn Höcke, ténor du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) – sont assurément d’extrême droite. À l’approche d’élections régionales décisives dans l’est de l’Allemagne et de la présidentielle américaine, tous trois regardent l’horizon d’un air résolu. Sous leurs portraits, des mots percutants : “Voilà comment commence le fascisme”.
Un tel titre peut sembler provocateur. Il a d’ailleurs fait l’objet de critiques de la part du journal conservateur suisse Neue Zürcher Zeitung, pour qui “voir en Trump ou Höcke le retour d’Hitler, c’est relativiser les crimes contre l’humanité commis par les nationaux-socialistes”. Mais il permet au Spiegel de lancer une réflexion plus profonde autour de ce qu’est réellement le “fascisme” de nos jours.
“L’éventualité d’un retour du fascisme fait désormais l’objet d’un débat sérieux”, estime l’hebdomadaire de centre gauche, dans un long article de réflexion. Notamment aux États-Unis, où le conservateur Robert Kagan employait déjà ce terme en 2016 pour décrire le phénomène antidémocratique qui serait, selon lui, à l’œuvre derrière le trumpisme. Et où l’universitaire libéral Jason Stanley a identifié dix caractéristiques du fascisme, dont la remise en question de la science, l’idée que la société doit être hiérarchisée, ou encore l’attachement à un mythe national grandiose et la volonté d’étouffer toute opposition.
Fascisme ou populisme ?
Mais cette réflexion est également menée en Europe, où le journaliste britannique Paul Mason considère que le fascisme survient lorsque les citoyens d’une démocratie se mettent à ressentir “la peur de la liberté”. Où la politologue autrichienne Natascha Strobl voit une différence entre les mouvements d’extrême droite actuels et le fascisme italien des années 1930, car les violences des premiers se retrouvent avant tout en ligne, et non dans la rue. Et où le politologue allemand Jan-Werner Müller préfère parler de “populisme de droite”, tout en considérant que ce courant est tout aussi dangereux pour la démocratie que le “mot qui commence par un f”.
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