«La particularité de l’immigration actuelle est que le trajet est aussi devenu traumatisant»

Opération de sauvetage, au large de la Libye, le 4 mai.

Violences, guerre, exil… Les migrants souffrent de traumas lourds. Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, anthropologue de formation, raconte son expérience en tant que psychologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), où elle reçoit réfugiés, demandeurs d'asile et déboutés.

Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, anthropologue de formation, raconte dans la Voix de ceux qui crient (Albin Michel) son expérience en tant que psychologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), où elle reçoit réfugiés, demandeurs d’asile et déboutés. Avec l’aide d’un interprète, elle travaille avec eux sur leur parcours et leurs traumas.

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A quel moment du parcours d’exil se manifeste la nécessité de s’occuper de sa santé mentale ?

Au départ on arrive, on cherche comment survivre, où habiter, et puis tout à coup ça commence à s’enkyster, on voit que ça va durer longtemps et c’est là que ça commence psychologiquement à être terrible. Tout ressort.

Comment l’hôpital est-il perçu ? Y a-t-il de la défiance ?

Très vite, l’hôpital est identifié comme l’une des rares institutions, contrairement à toutes les autres où il faut décliner son identité, hospitalière, au sens propre du terme. Les patients arrivent, ils savent qu’ils vont mal, qu’ils ne dorment plus, que des images les hantent, qu’ils font des choses bizarres, ils crient et ne s’en souviennent pas, parlent dans leur sommeil, ça les terrifie, ils ne se souviennent pas de choses précises, de dates de naissances, ils ont du mal à se repérer, la mémoire est très atteinte… C’est cognitif, c’est le trauma qui fait ça, ils ont des impressions d’incohérence avec eux-mêmes, certains vont très mal même physiquement. Récemment, je recevais quelqu’un qui s’était fait taper sur la tête, il y a cinq ou six ans, et avait l’impression que la bosse grandissait maintenant, ça le rendait fou, il ne pouvait plus dormir. Mais évidemment il y a des appréhensions quand on arrive. (...)

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