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Participation élevée et élection crédible en Côte d'Ivoire

par Loucoumane Coulibaly et Joe Bavier ABIDJAN (Reuters) - Le déroulement de l'élection présidentielle qui a eu lieu dimanche en Côte d'Ivoire a obtenu l'approbation des observateurs chargés de vérifier un scrutin qui devrait voir la victoire du président sortant Alassane Ouattara alors que l'un de ses adversaires a reconnu sa défaite. Les opérations de vote ont été marquées par quelques problèmes d'organisation, notamment un retard dans l'arrivée du matériel nécessaire qui a conduit la commission électorale indépendante (CEI) à prolonger le vote de deux heures dans certaines régions. La plate-forme de la société civile Peace-CI, qui avait déployé quelque 2.000 observateurs, a fait état de quelques problèmes mineurs mais a ajouté qu'ils n'avaient pas entamé la crédibilité de l'élection. L'ambassadeur des Etats-Unis, Terence McCulley, rendant compte des conclusions des quelque 70 membres de la mission d'observation mise en place par Washington, a déclaré de son côté penser que "cette élection avait été pacifique, transparente, crédible et inclusive". "Nous espérons que les résultats du premier tour qui seront annoncés seront acceptés par tous ceux qui ont pris part à l'élection", a-t-il ajouté. Dans la journée, des responsables de la CEI ont fait état d'une participation de 60% tandis que les observateurs se sont dit satisfaits par le déroulement du scrutin. Cette estimation a été revue à la baisse par une autre plate-forme de la société civile POECI dont les évaluations donnaient une participation de 53%. La mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a signalé une faible participation dans la plupart des sites qu'elle a visités. Les deux organisations ont toutefois jugé le scrutin juste et transparent. OUATTARA FAVORI L'appréciation positive des observateurs devraient favoriser la légitimité du vainqueur de l'élection, qu'Ouattara abordait en grandissime favori. Crédité du spectaculaire redémarrage de l'économie ivoirienne après la guerre civile de 2010-2011, le président sortant, ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), faisait en outre face à une opposition morcelée, de nature à faciliter son maintien à la magistrature suprême. Tandis que les dirigeants de plusieurs pays d'Afrique ont fait modifier la Constitution de manière à pouvoir rester plus longtemps en fonctions, "ADO" s'est engagé pour sa part à respecter la limite fixée à deux quinquennats et à se retirer en 2020 s'il est réélu. Comme la veille, les rues d'Abidjan, la capitale économique et commerciale de la Côte d'Ivoire sont restées calmes ce lundi. Dénonçant par avance des résultats truqués, plusieurs candidats de l'opposition se sont néanmoins retirés du scrutin dans les jours précédant l'élection, dont l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny qui a affirmé que les listes électorales comportaient de multiples irrégularités susceptibles de permettre à des électeurs de voter plusieurs fois. Le précédent scrutin présidentiel, en 2010, avait été organisé avec un retard de cinq années et dans un contexte de division du pays, le Nord étant alors aux mains de groupes rebelles tandis que le Sud restait tenu par le gouvernement de Laurent Gbagbo. L'élection avait tourné à la guerre civile, les partisans de Gbagbo refusant de reconnaître sa défaite. Ouattara avait finalement été intronisé au terme d'affrontements qui ont fait quelque 3.000 morts. Gbagbo, transféré fin 2011 à La Haye, doit aujourd'hui répondre devant la Cour pénale internationale (CPI) de quatre chefs de crimes contre l'humanité. (avec Joe Bavier; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)