Parti fissuré

François Hollande a bien tort de se féliciter à haute voix du résultat du vote des militants socialistes. «Tout ce qui peut apporter de la stabilité, de la cohérence et de la visibilité est bon pour l’action que je mène aujourd’hui pour la France», a-t-il déclaré vendredi matin. Bien sûr, le chef de l’Etat peut légitimement se congratuler d’avoir réussi à écarter ce qu’il redoutait le plus : une contestation officielle de sa ligne et donc une crise ouverte au sein de sa majorité. Maintenant que chacun s’est compté, la vitrine du PS est en ordre. Et à écouter ce président si soucieux des subtils équilibres de son parti, ce serait là l’essentiel. Il se trompe lourdement. A deux ans d’une élection présidentielle dont on a beaucoup de mal à voir aujourd’hui comment elle pourrait se solder par autre chose qu’une défaite de François Hollande (et même dès le premier tour), à quoi pourrait bien servir le congrès de juin du parti au pouvoir ? A au moins deux choses : une clarification idéologique et un rassemblement, si ce n’est autour d’un projet, au moins d’un début de bilan. Hollande n’aura ni l’une ni l’autre. Son parti est aujourd’hui fissuré, pour ne pas dire fracturé, autour d’une double question : la politique d’inspiration social-libérale de son gouvernement est-elle en mesure de produire des résultats en matière de chômage et de réduction des inégalités ? Et si tel est le cas, est-elle vendable à un électorat de gauche ?

Quant au mouvement de remobilisation des socialistes, il attendra. Aujourd’hui, près d’un militant sur deux n’a même pas souhaité se déplacer à ce scrutin. Ce qui est pour le moins inquiétant. Au final, ce congrès ne devrait servir qu’à une seule chose : gagner du temps. Mais Hollande n’en a bientôt plus.



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