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Le Parti communiste chinois compte afficher sa puissance pour son centenaire

LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS COMPTE AFFICHER SA PUISSANCE POUR SON CENTENAIRE

PEKIN (Reuters) - La Chine s'apprête à célébrer en grande pompe jeudi le centenaire de la création du Parti communiste au pouvoir depuis 1949 à Pékin, avec un discours "important" du président Xi Jinping attendu lors d'une cérémonie sur la place Tiananmen.

Cet anniversaire intervient alors que Xi Jinping et le parti s'efforcent de profiter de la dynamique de sortie de crise du coronavirus, plus rapide en Chine qu'ailleurs, pour permettre au pays de continuer à avancer ses pions sur la scène internationale malgré les critiques de plus en plus fermes des pays occidentaux, notamment en matière de droits de l'homme.

Les médias d'Etat n'ont guère fourni de précisions sur l'événement organisé jeudi à Pékin, sous haute sécurité, mais un survol de la capitale par des avions de chasse et des hélicoptères devrait figurer au programme. Les doyens du parti et les anciens dirigeants sont généralement invités à apparaître en public lors de ces grandes occasions.

Au cours du siècle écoulé, le parti a "écrit un chapitre splendide de l'histoire du développement de la nation chinoise et du progrès de l'humanité", a déclaré Xi Jinping mardi lors d'une cérémonie de remise de médailles à des membres méritants du PC.

Depuis son accession aux postes de secrétaire général du parti fin 2012 puis de chef de l'Etat en mars 2013, Xi Jinping s'est imposé comme le dirigeant le plus puissant du pays depuis Mao Zedong, obtenant la suppression de la limitation des mandats présidentiels sur fond de campagne anticorruption tous azimuts visant aussi bien les "mouches" que les "tigres" au sein du PC.

Les rangs du parti ont gonflé de 2,43 millions de membres en 2020, la plus forte augmentation annuelle depuis l'arrivée de Xi Jinping à la présidence, et 95,15 millions de Chinois en sont désormais adhérents, selon des données publiées mercredi.

Si le parti était à l'origine tourné vers les ouvriers et encore plus les paysans, il a désormais embrassé l'économie de marché dans ce qui est qualifié de "socialisme aux caractéristiques chinoises", soit une adaptation des principes du marxisme-léninisme dont il a conservé l'autoritarisme.

UN DISCOURS DÉSORMAIS TEINTÉ DE NATIONALISME

Parallèlement au renforcement de l'emprise de Xi Jinping et à la raréfaction des expressions dissidentes ou même simplement critiques dans l'espace public, le discours officiel s'est progressivement teinté de nationalisme, amenant de nombreux Chinois à exprimer leur fierté pour les réussites de leur pays attribuées au président et au parti.

La Chine est toutefois confrontée à de nombreux défis, intérieurs avec une baisse démographique susceptible de menacer sa croissance économique, et extérieurs avec les critiques de plus en plus virulentes des pays occidentaux pour sa politique à l'égard de Hong Kong, dans sa région du Xinjiang, en mer de Chine méridionale ou vis-à-vis de Taïwan.

Pékin est aussi accusé de manque de transparence sur les origines de la pandémie de COVID-19 alors que les premières contaminations sont apparues dans le centre du pays, à Wuhan.

Fu Yangen, une habitante de Pékin, répond un franc "Oui!" quand on lui demande si elle aimerait que le Parti communiste reste au pouvoir pour les 100 prochaines années.

"Il a permis aux gens ordinaires comme nous d'atteindre le bonheur dans nos vies", dit cette jeune femme de 27 ans en train de poser pour des photos devant les vastes compositions florales installées pour ce centenaire sur l'avenue Changan, l'une des principales artères de la capitale chinoise.

L'omniprésence du parti dans la vie quotidienne ne convient toutefois pas à tous les Chinois.

"J'ai réalisé récemment que tout ce que nous voyons et toute l'éducation que nous recevons sont liés au parti et ont subtilement transformé nos vies", dit Liu, un étudiant de 21 ans.

Plusieurs dirigeants de Hong Kong, dont la cheffe de l'exécutif local Carrie Lam, ont été conviés à Pékin pour assister à ce centenaire.

Dans la ville même, sur laquelle Pékin a fortement renforcé son emprise avec une loi de sécurité nationale adoptée il y a exactement un an, John Lee, tout juste promu au rang de numéro deux de l'exécutif, assistera jeudi à une cérémonie de lever de drapeau pour le 24e anniversaire de la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine.

Les habituelles manifestations organisées le 1er juillet à Hong Kong, que ce soit contre Pékin ou le prix du logement, ne devraient pas avoir lieu ce jeudi. La police a interdit un rassemblement en raison des restrictions liées au coronavirus et les médias locaux rapportent que 10.000 policiers seront déployés dans les rues de la ville.

Un feu d'artifice a aussi été annulé pour éviter tout rassemblement.

(Reportage Ryan Woo, Yew Lun Tian, Martin Pollard à Pékin et Marius Zaharia à Hong Kong, avec la rédaction de Pékin, version française Bertrand Boucey, édité par Nicolas Delame)