Parrainages: Les Républicains aident-ils Zemmour pour nuire à Le Pen?

Éric Zemmour s'adressant à ses militants mardi 4 janvier à Paris (illustration) (Photo: Sarah Meyssonnier via Reuters)
Éric Zemmour s'adressant à ses militants mardi 4 janvier à Paris (illustration) (Photo: Sarah Meyssonnier via Reuters)

POLITIQUE - Les Républicains seraient-ils adeptes des coups de billards à trois bandes? Ce jeudi 6 janvier, Europe 1 affirme que le parti de droite a fait savoir à ses élus qu’ils ne seraient pas sanctionnés s’ils apportaient leur parrainage au candidat d’extrême droite Éric Zemmour. Charité chrétienne? Non. Selon la radio, l’idée serait de permettre au polémiste de se présenter, dans l’espoir qu’il se neutralise avec Marine Le Pen. Ce qui faciliterait l’accession de Valérie Pécresse au second tour en avril prochain.

Une sorte de plan machiavélique auquel le Rassemblement national croit dur comme fer. “L’opération Z est commanditée par le système!”, s’emporte par exemple Philippe Olivier, eurodéputé et conseiller spécial de la candidate RN à l’élection présidentielle. Comme lui, David Rachline, Sébastien Chenu ou encore Louis Aliot y sont allés de leurs tweets pour dénoncer ce “petit jeu”.

Dans cet article, une source présentée comme un “très proche conseiller de Valérie Pécresse” explique ceci: “il faut qu’Éric Zemmour soit candidat et s’il n’obtient pas ses parrainages, on fera ce qu’il faudra”. Un projet tordu que dément catégoriquement auprès du HuffPost Geoffroy Didier, directeur de la communication de la candidate.

“C’est faux. Il y a une primaire sauvage entre Marine Le Pen et Éric Zemmour au sein de laquelle nous n’avons pas vocation à intervenir”, rétorque l’eurodéputé. Auprès de l’AFP, la direction du parti de droite donne dans le même registre: “La question ne se pose pas pour l’instant. Tous les élus LR font corps autour de notre candidate comme cela a toujours prévalu”.

Vraie ou non, l’histoire fait également réagir la macronie. “Si je résume, Éric Ciotti apporte sa voix, et Les Républicains apportent leurs maires”, a grincé Christophe Castaner, patron du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Mais serait-ce une si bonne idée pour la droite que de faciliter la candidature d’Éric Zemmour?

La question se pose. Car s’il est admis que le polémiste grignote sur l’électorat de Marine Le Pen, plusieurs études montrent qu’il séduit également au sein de l’électorat de François Fillon. Fin novembre, les travaux menés par la Fondation Jean Jaurès soulignaient qu’un quart des électeurs fillonistes de 2017 étaient prêts à voter Éric Zemmour en 2022. Sur les réseaux sociaux, on observe également que l’essayiste se nourrit des communautés militantes du RN comme de LR.

Or, dans ce contexte, Valérie Pécresse n’a peut-être pas besoin d’avoir un concurrent si fort sur sa droite sur la ligne de départ, d’autant que le chef de l’État qu’elle entend défier dispose également d’un fort ancrage à droite. À moins que son état-major mise sur le fait qu’Éric Zemmour fera beaucoup plus de mal à Marine Le Pen qu’à la candidate LR. Ce qui serait un pari assez hasardeux pour la droite, alors que les trois candidats se stabilisent pour le moment autour des 15% d’intentions de vote.

À voir également sur Le HuffPost: Dans leurs vœux pour 2022, les candidats ont tous leur manière de dire au revoir à Macron

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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