Parrainage, proportionelle, inéligibilité... les ponts entre François Bayrou et le Rassemblement national
Le nouveau Premier ministre ne fera pas l'objet d'une censure a priori des députés du RN. Si des divergences de fond existent, il y a des convergences sur certains points.
Des convergences qui pourraient faire toute la différence. Le gouvernement de Michel Barnier est tombé quand le Rassemblement national a décidé de censurer le gouvernement. Au-delà du fait que Jordan Bardella annonce qu'il ne "censurera pas a priori" le futur gouvernement Bayrou, le nouveau Premier ministre part d'un meilleur pied dans ses relations avec le parti d'extrême droite.
En effet, ces derniers mois, les prises de position de François Bayrou sur certains sujets ont été plutôt été favorables au Rassemblement national, de quoi créer des ponts entre le RN et le nouveau Premier ministre.
Présidentielle 2022 : Bayrou parraine Marine Le Pen
Lors de la présidentielle 2022, François Bayrou avait donné son parrainage de maire de Pau à la candidate Marine Le Pen, évoquant un "geste démocratique" afin d’éviter que "des candidats de premier plan soient exclus de l’élection faute de parrainage".
"Malgré nos désaccords politiques, sa démarche vise à faire vivre notre démocratie : j’invite les maires de France à parrainer l’ensemble des candidats en difficulté", avait salué Marine Le Pen.
Présidentielle 2022 : François Bayrou annonce qu'il donnera son parrainage à Marine Le Pen. #LeGrandJury pic.twitter.com/QXmfHzMan0
— Le Grand Jury (@LeGrandJury) February 27, 2022
Bayrou sur le RN : "je ne sais pas si ça s'appelle extrême-droite"
En 2022 toujours, lors de la campagne des élections législatives suivant la présidentielle, François Bayrou débat sur le plateau de France 2 avec Philippe Ballard (RN). "Je ne sais pas si ça s'appelle extrême-droite", lançait-il à propos du RN. De quoi flatter un parti en recherche de normalisation et de dédiabolisation.
Pourtant, le ministre de l'Intérieur classe le RN comme étant à l'extrême droite, une décision confirmée par le Conseil d'État.
Rappelez-vous quand #Bayrou disait sur le #RN
« Je ne sais pas si ça s'appelle extrême-droite. »
À ce moment-là, il voulait faire barrage à la #FranceInsoumise pic.twitter.com/JQf7XwxKw8— * Je suis en Mode Guerre * macron (@Patrick49000P) March 12, 2024
Bayrou déplore la possible inéligibilité de Le Pen
En novembre dernier, lorsque les réquisitions tombent dans l'affaires des assistants parlementaires européens avec la peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire demandée, François Bayrou réagit : L’exécution provisoire "serait un problème". "Dans une démocratie, on doit pouvoir faire appel de toutes les décisions", explique le centriste sur BFMTV qui rappelle que "plusieurs élus" MoDem ont été sanctionnés de la sorte en début d’année.
Affirmant avoir "combattu le Front national sans aucune interruption à toutes les élections et à tous les débats", le maire de Pau pense alors qu’un empêchement de Marine Le Pen d’ici la présidentielle amènerait certains citoyens à "considérer qu’il y a quelque chose qui biaise la vie démocratique".
La proportionnelle, combat commun
D'autres propositions historiques du RN trouvent un certain écho chez François Bayrou, et inversement. Depuis des années, le parti d'extrême droite réclame l'instauration d'une dose de proportionnelle, voire de la proportionnelle intégrale lors des élections législatives.
Une demande fréquente émanant également de François Bayrou : "la proportionnelle est le seul moyen de former les larges rassemblements dont le pays a besoin", lançait-il en 2020 au Monde par exemple. Un combat qui pourrait revenir sur le devant de la pile des dossiers du nouveau Premier ministre.
Comme le rappelle Le Parisien, un autre sujet unit les deux camps : la proposition de François Bayrou de créer une banque de la démocratie pour aider les partis à se financer, alors que le RN peine depuis des années à se financer auprès des banques pour ses campagnes électorales, se tournant parfois vers des banques russes.
Bayrou, adversaire de l'extrême droite
Si des sujets unissent les deux camps, pour autant, François Bayrou pointe régulièrement le "danger" de l'extrême droite. Lors des dernières législatives, il avait refusé de mettre un "signe égal entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire", pointant auparavant : "La menace que représente l’extrême droite […] et la menace que représentent LFI et tous ceux qui gravitent autour […] représentent un danger dont nous ne nous remettrions pas sans accident durable".
105 / 110n 2017, lorsqu'il annonce son ralliement à Emmanuel Macron quelques temps après les révélations autour de l'affaire Fillon, il justifiait son choix : "Cette situation nourrit le pire des risques : une flambée de l’extrême-droite", jugeait celui qui répétait avoir "lutté contre l’extrême droite" tout au long de sa carrière.