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Parly en Inde pour intensifier la coopération stratégique

Florence Parly est attendue ce jeudi en Inde pour pousser les feux du partenariat stratégique entre Paris et New Delhi, une visite dont Dassault Aviation entend tirer les bénéfices pour la négociation d'un nouveau contrat de vente de Rafale. /Photo prise le 18 septembre 2017/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Florence Parly est attendue ce jeudi en Inde pour pousser les feux du partenariat stratégique entre Paris et New Delhi, une visite dont Dassault Aviation entend tirer les bénéfices pour la négociation d'un nouveau contrat de vente de Rafale.

La ministre des Armées - qui ne voyage pas avec une délégation d'industriels de la Défense - fera ensuite étape aux Emirats arabes unis où Dassault s'efforce de vendre 60 Rafale, jusqu'ici sans succès.

Au-delà des enjeux commerciaux, ce déplacement en Inde, qui s'achèvera vendredi après-midi, vise à préparer la visite d'Emmanuel Macron à New Delhi du 8 au 10 décembre, à un moment où les foyers de tension se multiplient dans la région.

"Les Indiens ont un partenariat indispensable avec les Etats-Unis, des liens anciens avec la Russie, mais ils ont aussi des partenariats de choix et la France est très bien placée à cet égard", souligne-t-on dans l'entourage de la ministre.

La coopération bilatérale "marche très bien", que ce soit dans les domaines sécuritaire et civil, poursuit-on, en expliquant que la France est considérée comme "un pays fiable" dont la qualité des technologies "donne satisfaction".

Florence Parly s'entretiendra vendredi avec la nouvelle ministre indienne de la Défense, Nirmala Sitharaman, puis samedi avec le Premier ministre, Narendra Modi, et Ajit Doval, influent conseiller à la sécurité nationale.

"Les discussions porteront sur la situation régionale : Chine, Corée du Nord, Afghanistan, Pakistan...", a-t-on précisé dans l'entourage de la ministre.

"UN INTÉRÊT ET UNE DEMANDE"

La ministre se rendra vendredi à Nagpur, dans le centre de l'Inde, pour la pose de la première pierre d'une usine de Dassault Aviation et de son partenaire indien, le conglomérat Reliance Group, dans le cadre de la procédure d'offset scellée en 2016 lors de la signature du contrat de vente de 36 Rafale.

L'"offset", qui implique le pays importateur lui-même dans la production du bien qu'il achètera, se traduit concrètement par de la coproduction, de la sous-traitance et des transferts de technologie. Le Premier ministre indien a lancé en septembre 2014 le programme "Fabriquez en Inde" ("Make in India") afin de promouvoir l'investissement et l'entreprenariat dans son pays.

Le contrat de vente de 36 Rafale signé en septembre 2016 est évalué à 7,89 milliards d'euros. La clause de compensations industrielles acceptée par l'avionneur lui impose de réinvestir sur le sol indien la moitié de la somme.

Les appareils doivent être livrés entre fin 2019 et mi-2022. Le groupe souhaiterait en fournir 36 autres aux termes de cette même initiative "Make in India", mais le gouvernement indien freine les requêtes de l'armée de l'air nationale tout en préparant un appel d'offres pour des monomoteurs qui exclut de fait le Rafale, un bimoteur.

La marine indienne, qui a besoin de 57 bimoteurs pour équiper son nouveau porte-avions, est également sur l'écran radar de Dassault Aviation.

"Côté indien, il y a un intérêt et une demande. Il y a des discussions qui sont en cours sur de nombreux sujets", confirme-t-on dans l'entourage de la ministre.

SOUS-MARINS ET ARTILLERIE

Florence Parly visitera samedi, avant son départ pour les émirats, les chantiers de Mazagon Dock Ltd (MDL), à Bombay, où sont assemblés six sous-marins de type Scorpène en coopération avec Naval Group (ex-DCNS), filiale de Thales . Un premier sous-marin "Kalvari" est sorti des lignes d'assemblage.

Le groupe naval français, promoteur avant l'heure du "Make in India" avec la vente en 2005 des Scorpène moyennant un important transfert de technologies, négocie la fourniture de six sous-marins supplémentaires.

Airbus Helicopters finalise pour sa part les négociations avec New Delhi pour la fourniture de 14 hélicoptères Caracal (H225M) aux gardes-côtes indiens.

La filiale d'Airbus se positionne en outre dans le cadre de la "requête pour informations" ouverte en août par les autorités indiennes pour la fourniture à la marine nationale de 234 nouveaux hélicoptères - 123 appareils multi-rôles ainsi que 111 utilitaires pour lesquels le groupe propose son Panther.

"Au cas où le gouvernement indien sélectionne le Panther, Airbus Helicopters établira une ligne d'assemblage final pour le Panther en Inde pour satisfaire les besoins de l'Inde aussi bien domestiques qu'à l'exportation", a dit un porte-parole du groupe.

Nexter (groupe KNDS) est par ailleurs en lice pour deux importants contrats d'artillerie.

"Sans entrer dans le détail, parce qu'on ne peut pas préjuger d'où on sera, la ministre fera avec l'énergie requise la promotion des activités industrielles françaises", assure-t-on. "Le fait d'avoir des industriels qui exportent dans de bonnes conditions, c'est essentiel à l'équilibre financier et donc derrière, à notre autonomie stratégique."

(Sophie Louet avec Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse)