Paris, Lyon, Bordeaux… Des PFAS retrouvés dans l’eau du robinet
Ces « polluants éternels » ont été retrouvés en quantité « massive » dans l’eau du robinet d’une vingtaine de communes, selon l’UFC-Que Choisir et Générations Futures.
ENVIRONNEMENT - Des produits polluants dans l’eau potable. Des « PFAS », aussi surnommés « polluants éternels », ont été retrouvés dans l’eau d’une trentaine de villes françaises, y compris dans de grandes villes comme Paris, Lyon et Bordeaux. Ces produits sont très difficiles à éliminer et particulièrement dangereux pour la santé, rappellent l’UFC-Que Choisir et de l’ONG Générations Futures, auteurs de cette enquête publiée ce jeudi 23 janvier.
Les deux organisations ont effectué une série de prélèvements à l’automne 2024, puis confié leurs échantillons au laboratoire indépendant Ianesco. Les résultats d’analyses montrent une présence « massive » de PFAS dans l’eau potable des Français, et en particulier de l’acide trifluoroacétique (TFA), un composé chimique très résistant.
S’il n’est pas, comme le souligne l’enquête, « aussi dangereuse que les PFOA ou PFOS », interdits en Europe depuis plusieurs années, des zones d’ombre subsistent sur la toxicité du TFA. L’Allemagne a ainsi suggéré de le classer comme substance toxique pour la reproduction, et une demande est en cours d’examen auprès de l’Agence européenne des produits chimiques.
Le TFA a été trouvé dans l’eau potable de 24 communes sur 30 étudiées. Dans 20 d’entre elles, il dépasse à lui seul la norme référence en Europe de 100 nanogrammes/litre pour les vingt PFAS réglementés, qui doit entrer pleinement en vigueur en 2026.
Parmi ces communes, Paris arrive au second rang en matière de concentration, avec 6 200 ng/l, derrière Moussac, dans le Gard (13 000 ng/l). Moussac se situe près de Salindres, où une usine du groupe Solvay produisait du TFA jusqu’en septembre dernier, rappelle l’enquête.
Le TFA est en France « très peu - pour ne pas dire jamais - recherché par les agences régionales de santé lors des contrôles des eaux potables », déplore l’étude, qui souligne qu’il est souvent issu de la dégradation du flufénacet, herbicide évalué fin septembre par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui a conclu qu’il s’agit d’un perturbateur endocrinien.
Plus difficiles à retenir, et donc à éliminer
Le TFA est « moins bien retenu » que d’autres PFAS par les techniques de décontamination de l’eau, aussi bien celles s’appuyant sur des charbons actifs, que celles à base de filtration membranaire, en vogue dans les usines d’eau potable les plus modernes, a déclaré à l’AFP Julie Mendret, chercheuse à l’université de Montpellier.
La difficulté à retenir et donc à retirer ce produit chimique de l’eau s’explique par sa caractéristique de « PFAS à chaîne courte », qui contient moins d’atomes de carbone et est de ce fait « très petit, très mobile », explique cette spécialiste du traitement de l’eau.
Outre le TFA, Générations Futures et l’UFC-Que Choisir ont analysé 33 PFAS : hors TFA, les concentrations en PFAS « restent conformes à la norme choisie par la France » (somme de 20 PFAS spécifiques limitée à 100 ng/l).
Mais cette norme est « bien moins stricte que celles d’autres pays » comme les États-Unis ou le Danemark, relèvent les deux associations, qui estiment que la norme française « est bien trop peu protectrice » et ne repose « sur aucune donnée toxicologique solide ». Ces organisations réclament l’application du principe de précaution.
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