A Paris, le camp Tiberi se rallie à Kosciusko-Morizet

Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a bâti sa campagne à Paris sur la rupture avec l'ère Tiberi, a reçu l'appui de Dominique Tiberi qui fusionne avec la candidate UMP dans le Ve arrondissement, un ralliement à double tranchant dénoncé par le camp adverse. /Photo prise le 25 mars 2014/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a bâti sa campagne à Paris sur la rupture avec l'ère Tiberi, a reçu l'appui de Dominique Tiberi qui fusionne avec la candidate UMP dans le Ve arrondissement, un ralliement à double tranchant dénoncé par le camp adverse. Le Ve arrondissement, tenu par la droite depuis 1977 mais qui vote majoritairement à gauche dans les élections nationales, est l'un des enjeux de la "bataille de Paris", où les listes de l'ancienne ministre de l'Ecologie (35,64%) ont devancé celles de la socialiste Anne Hidalgo (34,40%) au premier tour. Florence Berthout a annoncé mardi un accord avec le fils du maire sortant du Ve Jean Tiberi, Dominique, qui présentait une liste dissidente. La candidate socialiste est arrivée en tête du premier tour dans cet arrondissement avec 33,94% des voix devant Florence Berthout (28,49%) et Dominique Tiberi (19,43%), qui avait ainsi la possibilité de se maintenir au second tour. Dominique Tiberi figurera en deuxième position sur la liste de Florence Berthout qui a assuré qu'ils s'accordaient "sur l'essentiel" pour le Ve et Paris, alors que les échanges ont été sanglants depuis des mois entre le clan Tiberi et "NKM". Pour Anne Hidalgo, "NKM", "en difficulté à Paris, se soumet à la volonté du système Tiberi, toute honte bue". "Les Parisiens éprouvent aujourd'hui un sentiment d'indignation face à cette manœuvre dans la pire tradition des combines politiciennes", dit-elle dans un communiqué, rappelant la condamnation des époux Tiberi en 2013 pour fraude électorale. Le MoDem Jean-François Martins, qui a rallié Anne Hidalgo, fustige quant à lui "une vieille droite parisienne poussiéreuse, une droite clanique et adepte du népotisme". "Les dissidents voulaient tous être sur mes listes. Nous n'avons pas de divergence de fond. Ma main est tendue", explique Nathalie Kosciusko-Morizet à Metronews. Ainsi, dans le XIVe, où elle a été nettement devancée par la candidate PS-PCF Carine Petit (37,89%), la candidate à la mairie de Paris (33,10%) a convaincu la dissidente Marie-Claire Carrère-Gée (5,74%), secrétaire générale adjointe de l'Elysée sous Jacques Chirac, de rejoindre sa liste alors que les deux femmes se vouent une antipathie réciproque. DISPERSION DES VOIX Des dissidences, même symboliques, perdurent pourtant. Dans le VIIe, où la maire sortante Rachida Dati a recueilli 41% des voix, en recul de 8,5 points par rapport à 2008, Christian Le Roux (17,8%) se maintient au second tour. L'ancien maire Michel Dumont (7,5%) a refusé de fusionner avec Christian Le Roux, avec lequel il partage la même inimitié pour l'ancienne ministre de la Justice, et ne donne pas de consigne de vote. Christian Le Roux juge possible d'évincer Rachida Dati sans risque de faire perdre à la droite un siège de conseiller de Paris. Nathalie Kosciusko-Morizet a invité mardi les électeurs de cet arrondissement bourgeois, votant à une écrasante majorité à droite, "à se mobiliser massivement" pour Rachida Dati. "Toute dispersion des voix à droite profiterait irrémédiablement à la gauche", dit-elle dans un communiqué qui est repris dans les mêmes termes s'agissant du VIIIe. Dans cet arrondissement acquis à la droite, le dissident Charles Beigbeder qui a recueilli 19,27% fusionne avec l'autre dissident de droite, Didier Decelle (5,17%), face à la candidate UMP-UDI Jeanne d'Hautessere (46,62%). "On ne met pas en danger un siège de conseiller de Paris, on veut l'alternance", souligne-t-on dans son entourage, qui précise que "NKM" a eu mardi un échange cordial par téléphone avec le chef d'entreprise et lui a dit: "Que le meilleur gagne!" Dans le XVIIIe, la dissidente Roxane Decorte (3,6%), qui avait été évincée de la liste de Pierre-Yves Bournazel (25,2%) par Nathalie Kosciusko-Morizet en raison d'une condamnation pour abus de confiance, a appelé mardi à voter pour la liste du socialiste Eric Lejoindre (39,9%). "Ce n’est pas l’amertume qui le guide, c’est la volonté et l’espoir, la volonté de contribuer à sortir notre vie politique d’un système partisan déconnecté", dit-elle dans un communiqué. Nathalie Kosciusko-Morizet veut croire à la victoire après la surprise du premier tour, mais les listes UMP sont distancées dans deux arrondissements déterminants, le XIIe et le XIVe. "Je vois bien ceux qui font des additions, des soustractions. Mais la politique, ce n'est pas de l'arithmétique. C'est une cohérence, une dynamique", déclare à Metronews "NKM", qui appelle les électeurs écologistes à voter pour elle au lendemain de l'accord PS-EELV. (Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)