Paris et Berlin veulent des progrès rapides sur la défense européenne

La France et l'Allemagne, épaulées par plusieurs partenaires européens, veulent que le Conseil européen de jeudi programme des avancées rapides dans le domaine de la défense, avec comme horizon le mois de juin prochain. /Photo d'archives/REUTERS/Tobias Schwarz

par Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - La France et l'Allemagne, épaulées par plusieurs partenaires européens, veulent que le Conseil européen de jeudi programme des avancées rapides dans le domaine de la défense, avec comme horizon le mois de juin prochain. François Hollande et Angela Merkel proposeront à leurs homologues d'acter cinq initiatives : créer un dispositif permanent de planification et de conduite d'opérations, s'engager à augmenter les budgets nationaux de défense, instaurer une revue annuelle des investissements, mettre sur pied des financements communs et entériner un soutien à des pays africains, a précisé une source diplomatique française. Paris et Berlin souhaitent que le Conseil européen confie un mandat sur chacun de ces points à la Haute Représentante pour la politique extérieure et de sécurité, Federica Mogherini, sur la capacité permanente par exemple, avec un rapport au Conseil européen de mars et des décisions fin juin "au plus tard". La France et l'Allemagne demandent parallèlement, pour la fin 2017, le renforcement du mécanisme Athena de financement solidaire de certaines dépenses liées aux opérations militaires ou civiles pour qu'il en couvre davantage. Des réserves pourront être intégrées dans les conclusions du Conseil pour des pays neutres qui ne souhaiteraient pas s'engager sur tel ou tel point, comme l'Irlande, Malte ou l'Autriche, ou pour le Royaume-Uni, dont les citoyens ont voté pour la sortie de l'Union européenne et qui a toujours été réticent vis-à-vis de la défense européenne, a-t-on précisé. Face notamment aux craintes des Polonais, Paris et Berlin assurent dans le même temps que ces développements sont complémentaires à l'action de l'Otan et non dirigés contre l'alliance. VERS L'AUTONOMIE STRATÉGIQUE ? Après le conflit en Ukraine, les guerres au Moyen Orient, les attentats en Europe et le choc du référendum britannique de juin, les Européens ont décidé en septembre à Bratislava d'accroître leur coopération militaire. Une volonté renforcée par les déclarations du président élu américain, Donald Trump, qui a jugé que l'Otan coûtait trop cher aux Etats-Unis et a proposé de faire contribuer davantage les Européens, faute de quoi ils devraient se débrouiller seuls. La création d'une capacité permanente de planification et de conduite d'opérations, militaires et civiles, avec des chaînes de commandement distinctes mais coordonnées, vise à corriger la lenteur du système actuel, par lequel les Européens doivent créer, pour chaque opération, un dispositif ad hoc. Sur les budgets nationaux, il s'agit d'obtenir l'engagement des Européens qu'ils portent progressivement leurs dépenses à 2% du produit intérieur brut de leur pays, dont 20% en équipements, un objectif déjà fixé par l'Otan et que peu de pays atteignent. La revue annuelle des investissements vise quant à elle à coordonner progressivement les programmations de dépenses de matériels pour davantage d'efficacité et une meilleure interopérabilité. Quant aux instruments de financement, la Commission européenne a présenté un plan en trois volets : la création d'un programme de recherche militaire sur le budget européen, un fonds européen de financement des capacités de défense et l'extension du mandat de la Banque européenne d'investissement (BEI) pour financer certaines de ces activités. Le budget consacré par l'Union européenne à sa défense représente un quart environ des dépenses militaires des Etats-Unis, selon les statistiques de l'UE. (Edité par Yves Clarisse)