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Paris accuse Moscou de violer les droits des Tatars en Crimée

PARIS (Reuters) - La France a accusé mercredi Moscou de violer les droits des Tatars en Crimée, deux jours après la condamnation d'un dirigeant de cette minorité turcophone qui s'était opposée publiquement à l'annexion de la péninsule ukrainienne par la Russie en 2014. "La condamnation prononcée le 11 septembre contre M. Akhtem Tchiigoz, vice-président du Medjlis, assemblée coutumière des Tatars de Crimée, en est la malheureuse illustration", a déclaré la porte-parole du Quai d'Orsay lors d'un point presse. Le procès a été qualifié de "simulacre" par Amnesty International. "La France et ses partenaires européens considèrent l'interdiction des activités du Medjlis par les autorités russes depuis avril 2016 comme une violation des droits des Tatars", a-t-elle ajouté. "Nous appelons donc à la libération de toutes les personnes détenues en violation du droit international." Située au bord de la mer Noire, la Crimée a été annexée en mars 2014 par la Russie après un référendum non reconnu par la communauté internationale et largement boycotté par les Tatars. Cette minorité turcophone, qui représente 12% de la population de la péninsule, s'est opposée publiquement au rattachement de la Crimée à la Russie. Selon l'ONG SOS Crimea, près d'une quarantaine de Tatars ont été poursuivis par la justice russe depuis 2014, notamment pour "troubles à l'ordre public" ou "extrémisme". Trois ans après cette annexion - qui a été suivie par une série de sanctions européennes contre Moscou -, des élections régionales se sont tenues en Crimée le 10 septembre. La France "ne reconnaît ni la légitimité de l'organisation, ni les résultats" de ces élections organisées "par les autorités de facto", a indiqué la porte-parole Quai d'Orsay. "Elle demeure attachée au plein rétablissement de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues." La France est engagée dans la résolution du conflit entre la Russie et l'Ukraine - qui a fait plus de 10.000 morts depuis 2014 - dans le cadre du "Format Normandie", qui réunit Kiev, Moscou, Paris et Berlin. (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)