Paris : une association catholique anti IVG subventionnée par le Conseil de la ville, révèle Mediapart
La crèche AFC Saint-Pierre-Saint-Dominique a bénéficié de subventions du conseil de Paris. Mais son affiliation pose problème.
Lors du Conseil de Paris du 21 novembre, une subvention pour la crèche AFC Saint-Pierre-Saint-Dominique a suscité de vifs débats, révèle un article de Mediapart. Cette structure, déjà financée à hauteur de 73 490 euros en 2024, bénéficie d'une convention pluriannuelle d’objectifs avec la ville.
Mais son affiliation au réseau des Associations familiales catholiques (AFC), connu pour ses positions conservatrices, notamment contre l’avortement et le mariage pour tous, a indigné plusieurs élus. La conseillère écologiste Chloé Sagaspe a dénoncé une contradiction avec les valeurs inclusives de Paris, qualifiant les AFC de promoteurs de "valeurs réacs et rétrogrades".
Des positions idéologiques assumées
Les AFC, dont la crèche fait partie, affichent clairement leur engagement religieux et leurs positions sur des sujets sociétaux sensibles : elles considèrent entre autres l’avortement comme un problème de santé publique et s’opposent à la PMA pour toutes, à l’euthanasie, et à l'éducation sur le genre.
Ces engagements se prolongent dans leurs partenariats, comme avec la Fondation Jérôme Lejeune, connue pour ses prises de position anti-IVG et présente lors d’événements comme le Salon du livre et de la famille.
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Un contexte de contrôle et de tensions
La mairie de Paris a de son côté assuré que des inspections régulières sont menées dans la crèche. Entre 2021 et 2024, aucune anomalie financière ou de manquement à la laïcité n’a été relevé, selon la Direction des familles et de la petite enfance (DFPE), rapporte Mediapart. Cependant, cette transparence ne convainc pas tous les élus, qui demandent davantage de contrôle sur l'application des valeurs de neutralité.
Dans le XIVe arrondissement, où se situe la crèche, la maire écologiste Carine Petit et son adjoint Amine Bouabbas ont soutenu la subvention pour éviter de priver le quartier de 13 places de garde. "Perdre ces berceaux serait problématique dans un contexte de crise de la petite enfance", justifie Amine Bouabbas. Tout en soutenant les familles, les élus locaux espèrent cependant qu'une autre association prenne la gestion de la crèche pour dissiper les polémiques.
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Une remise en question des financements publics
Derrière cette affaire de financement, il y aussi un dilemme plus large sur le financement des crèches confessionnelles. Si certaines structures restent neutres dans leur fonctionnement quotidien, leur affiliation à des réseaux aux idéologies clivantes pose des questions éthiques et politiques.
"Pourquoi continuer à financer des associations qui s’opposent à nos valeurs ? ", interroge Chloé Sagaspe. Le débat reste ouvert, avec une opposition marquée entre la nécessité d'un service public accessible et le respect des engagements idéologiques de Paris.