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Parcoursup: les établissements privés "mal signalés", piège dénoncé par la Fage

Les établissements privés
Les établissements privés

UNIVERSITÉS - Les portes de Parcoursup sont presque closes. La phase complémentaire de la plateforme s’achève ce jeudi 16 septembre pour les candidats n’ayant pas reçu de propositions de formation lors de la phase principale. Si à la fin de cette dernière, le 15 juillet, on recensait plus de 90.000 bacheliers sans offre d’affectation, les chiffres définitifs sont attendus ce jeudi.

″Évidemment beaucoup d’élèves auront trouvé un parcours pour la rentrée, mais humainement c’est impossible que tous les dossiers aient été traités avant la fin de la phase”, estime auprès du HuffPost Angèle Delpech, vice-présidente en charge de la défense des droits à la Fage (Fédération des associations générales étudiantes). Pointant du doigt un gros problème de capacité d’accueil des nouveaux étudiants, elle dénonce un manque profond d’accompagnement des élèves pendant le lycée.

Triste illustration de cette carence: le “piège” des écoles privées sur Parcoursup, nous explique-t-elle. “C’est quelque chose que l’on a remarqué particulièrement cette année, nous avons eu les retours d’un certain nombre d’élèves qui se sont retrouvés dans une situation inextricable à cause d’une mauvaise signalisation des établissements privés”, note celle qui est également en charge de la plateforme d’aide SOS Parcoursup. Un point qui n’est pas encore remonté jusqu’à la ministre Frédérique Vidal. “Ce problème ne ressort pas des points significatifs qui nous remontent des 400 000 interactions par an avec les usagers. Il ne ressort pas non plus de notre suivi des comptes sociaux Parcoursup”, nous dit-on au ministère de l’Enseignement supérieur.

Sans formation et sans recours possible

Quel est donc le problème mis en évidence? Selon Angèle Delpech, certains établissements privés sont “mal signalés” et peuvent passer pour des établissements publics auprès des candidats. “Sur chaque fiche de formation, les indications sont apportées sur le statut des établissements, public ou privé, mais aussi les droits de scolarité. Ainsi les candidats peuvent visualiser ces informations avant de faire leurs vœux”, défend cependant le ministère de l’Enseignement supérieur.

Ce sont les BTS qui seraient principalement concernés. “Les étudiants se disent ‘si c’est un BTS, c’est forcément public et donc gratuit’, mais ils ne savent pas que certains d’entre eux sont proposés dans le cadre d’établissements privés, et sont donc payants”, pointe Angèle Delpech. Qu’ils aient mal lu les informations ou que celles-ci ne soient pas facilement accessibles, il ressort cependant que des candidats sont acceptés dans une formation et se rendent compte après coup qu’elle est payante.

Ils décident de refuser ce parcours, mais, de fait, leurs autres vœux ont été annulés et ils se retrouvent sans aucune formation. “Le pire c’est que dans ces cas-là ils ne peuvent même pas saisir la CAES, commission d’accès à l’enseignement supérieur, car ils ont déjà eu une proposition qu’ils ont refusée. Ainsi ils se retrouvent sans rien et n’ont aucun recours”, dénonce la vice-présidente.

Pour ces bacheliers, qui n’ont donc pas les moyens de choisir une filière dans le privé, il faudra attendre l’année suivante pour retenter Parcousup. “Ils pourront faire des services civiques pour combler leur année en attendant, ou des stages conventionnés, s’ils arrivent à en trouver. Certains iront s’endetter en se rabattant finalement sur le privé et enfin d’autre ne feront rien et attendront la prochaine cession sur la plateforme”, regrette Angèle Delpech.

“Il est à souligner que le problème de compréhension soulevé ne ressort pas des points significatifs que nous remontent les académies ou encore le numéro vert qui gèrent plus de 400.000 interactions par an avec les usagers”, précise le ministère.

Un manque d’orientation sur Parcoursup au lycée

Pourquoi cette problématique se révèle cette année? Pour notre interlocutrice, cela peut s’expliquer par le fait que davantage d’établissements privés ont rejoint Parcoursup en 2021. Ensuite, d’une part certains d’entre eux sont mal signalés comme étant privés, ce qui a tendance à perdre les élèves, d’autre part ces derniers sont mal accompagnés et orientés en amont, en terminale.

“Le temps réel d’accompagnement sur la plateforme passé en classe varie énormément d’une école à une autre, indique-t-elle. Certains élèves ne sont pas assez formés sur Parcoursup et cela conduit à des erreurs et des incompréhensions”.

Après avoir passé l’été à recevoir sur SOS Parcoursup des plaintes et des appels à l’aide de candidats restés sans réponse, Angèle Delpech confie avoir des “grosses inquiétudes” pour ceux qui se retrouveront sans formation à la fin de cette phase. “Ils attendent depuis des mois une réponse qu’ils n’auront peut-être pas, cela va être très difficile à vivre pour eux”, prévient-elle.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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