«Paranoïa», que l’iPhone soit avec toi

Steven Soderbergh a tourné au smartphone un thriller fin et terrifiant sur une femme internée contre son gré.

Lorsque Jean-Luc Godard, dans la bande-annonce du festival de Jihlava, filme un iPhone et son doigt qui fait défiler sur l’écran une foule d’images (parmi lesquelles des selfies et des traces de ses derniers films), il nous joue un coup d’avance en nous offrant une piste de compréhension de son œuvre récente, et surtout en nous mettant sous le nez l’outil qui produit toutes les autres «images du monde», réalité et représentation confondues. Mais lorsque Steven Soderbergh tourne entièrement son nouveau film, un thriller en milieu psychiatrique,Paranoïa, avec le même outil, ne fait-il pas, sans le brandir aussi ouvertement, un geste semblable ? Il y a au moins deux téléphones dans Paranoïa : celui, invisible, qui filme tout ce que nous voyons, et celui, caché, qu’un des internés de la clinique, Nate, dissimule au personnel soignant pour communiquer avec l’extérieur - et qu’il prête à l’héroïne, Sawyer, enfermée contre son gré, par ce qui a tout l’air d’un complot. Ce dernier a différents niveaux d’interprétation possibles, comme autant de films dans le film : politique (si c’est une arnaque à l’assurance organisée par la clinique), psychologique (s’il s’agit du délire paranoïaque de notre héroïne), criminel (si le méchant, l’infirmier harceleur de Sawyer, existe vraiment). Et si Paranoïa semble vérifier simultanément toutes ces hypothèses, c’est qu’elles ne sont pas incompatibles. Elles peuvent toutes entrer dans le point de vue d’un film téléphoné, comme autant de moyens de le faire communiquer avec son dehors (soit le monde actuel, vu et produit par un iPhone). Le téléphone caché et l’invisible, ou l’objet et le regard, ne font qu’un : un seul appareil qui rend certes impossible de distinguer le vrai du faux et encore moins la folie de la raison, identiques, mais qui peut encore lancer des appels au secours. Ou bien des appels en absence ? Ça fait longtemps (...) Lire la suite sur Liberation.fr

«Dogman» : en cage, misère
L’empire de la perfection de Julien FarautDark River de Clio Barnard
La musculature infernale
Ticket d’entrée
«Il n’y a pas de différence entre un film historique et un film de science-fiction»