Les paramilitaires nord-irlandais retirent leur soutien à l'accord de 1998

LES PARAMILITAIRES NORD-IRLANDAIS RETIRENT LEUR SOUTIEN À L'ACCORD DE 1998

LONDRES (Reuters) - Les organisations paramilitaires unionistes nord-irlandaises ont informé le Premier ministre britannique Boris Johnson qu'elles retiraient temporairement leur soutien à l'accord de paix de 1998 sur l'Irlande du Nord en raison de préoccupations liées aux termes du divorce entre Londres et l'Union européenne, rapporte le Belfast Telegraph.

Ces organisations hors la loin, qui ont abandonné la lutte armée, ont transmis leur message via un groupe de coordination. Elles déclarent que leur opposition au protocole nord-irlandais devra demeurer "pacifique et démocratique".

L'accord du Vendredi saint, en avril 1998, a mis fin à trois décennies de violences entre les catholiques, partisans d'une Irlande unifiée, et les protestants favorables au maintien de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, qui ont fait au total plus de 3.600 morts.

Les organisations, parmi lesquelles l'Ulster Volunteer Force, l'Ulster Defence Association et le Red Hand Commando, se disent préoccupées par les perturbations commerciales entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord engendrées par l'accord de Brexit, selon cette lettre écrite par David Campbell, président du Loyalist Communities Council (LCC).

Mais elles ajoutent que leur désaccord porte aussi sur une question plus fondamentale : la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Union européenne ont d'après elles enfreint leurs engagements de 1998 en mettant en place "le protocole nord-irlandais".

"Veuillez ne pas sous-estimer la force du sentiment sur cette question dans l'ensemble de la famille unioniste", avertit David Campbell dans son courrier.

Le protocole prévoit que l'Irlande du Nord reste alignée sur un ensemble limité de règles de l'UE, notamment pour ce qui est des marchandises, et que le code des douanes de l'Union s'applique à toutes les marchandises entrant en Irlande du Nord, afin d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande.

Les vérifications et contrôles nécessaires sur les marchandises entrant en Irlande du Nord doivent avoir lieu à partir du reste du Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'Union européenne le 1er janvier dernier.

Le gouvernement britannique a prolongé unilatéralement mercredi jusqu'au 1er octobre une "période de grâce" sur les contrôles douaniers effectués sur certains produits agroalimentaires échangés entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, qui devait expirer fin mars.

La Commission européenne a vivement condamné cette décision qui viole selon elle les termes de l'accord de divorce entre Londres et Bruxelles, et menacé de répliquer sur le terrain judiciaire.

(Guy Faulconbridge, version française Jean-Stéphane Brosse)