La Papouasie indonésienne à nouveau à feu et à sang
La rumeur a été lancée le jeudi 23 février sur WhatsApp par un inconnu, visiblement comme une provocation délibérée. Elle s’est répandue rapidement dans les faubourgs de Wamena, en Papouasie indonésienne, jusqu’à ce qu’un groupe d’hommes arrête un véhicule conduit par deux commerçants d’une supérette, les accusant d’avoir enlevé un enfant.
“Alertés par des témoins, des membres de la police se sont rendus aussitôt sur les lieux dans l’intention de résoudre l’affaire dans le calme en emmenant les auteurs présumés du kidnapping au commissariat”, rapporte Kompas.
Mais rapidement, une foule en colère s’est formée autour du véhicule, tentant de lyncher les deux passagers. Les émeutiers s’en sont pris aussi aux forces de l’ordre, qui ont dû appeler du renfort.
“La foule était brutale et attaquait avec diverses armes tranchantes, des arcs et des flèches et des jets de pierres”, a expliqué le chef des relations publiques de la police régionale de Papouasie, Kombes Benny Adi Prabowo.
Situation incontrôlable
Interrogé par le quotidien, le militant papou des droits de l’homme Theo Hesegem a déclaré que les émeutiers avaient également incendié des magasins et des maisons de résidents indonésiens non papous : “La police a fait usage de gaz lacrymogène à plusieurs reprises, mais la situation était incontrôlable”, a reconnu le militant.
Après plusieurs sommations, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles dans la foule.
“Bilan : dix morts, dont huit Papous et deux non-indigènes. Plus 18 blessés par des pierres et par des flèches, dont un policier”, a précisé le chef de la police régionale de Papouasie, l’inspecteur Mathius D. Fakhiri.
L’enquête de la police sur les causes de cette tragédie est entravée par les familles des victimes, qui bloquent l’entrée de l’hôpital de Wamena aux forces de l’ordre.
Ces violences ont éclaté dans un contexte de grande tension dans la région, suite à la prise en otage d’un pilote néo-zélandais par l’Armée de libération de la Papouasie occidentale, le 7 février 2023. Son commandant en chef, Egianus Kogoya, vient de réclamer une rançon, des armes et des munitions en échange du pilote. Une requête que le gouvernement indonésien a catégoriquement rejetée.
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