Palmyre : «L'Etat islamique méprise la notion même de patrimoine»

Les vestiges architecturaux de Palmyre, en Syrie, en mars 2014.

Martin Makinson est archéologue. Entre 1992 et 2010, il a réalisé de nombreuses fouilles en Syrie. Au lendemain de la chute de Palmyre, il confie sa colère et son inquiétude.

Depuis l’annonce de la prise de la ville de Palmyre en Syrie par les combattants de l’organisation Etat islamique (EI), et de son abandon par les troupes du régime, les messages d’alerte se multiplient. Martin Makinson, archéologue franco-australien a effectué de nombreuses fouilles dans la vallée de l’Euphrate. Pour lui, la perte patrimoniale du site architectural est indissociable de la tragédie humaine qui se joue dans l’oasis, vieille de plusieurs millénaires.

Pourquoi la prise de Palmyre par l’Etat islamique choque-t-elle tant la communauté internationale ?

Palmyre est un symbole. Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et a longtemps été considéré comme la vitrine touristique de la Syrie au même titre que Pétra pour la Jordanie. Palmyre représente toute la richesse multiculturelle et syncrétique d’une Syrie plurielle, tant linguistiquement, qu’ethniquement, d’une cité à la fois araméenne, arabe et hellénisée. Entre le IIe et le IIIe siècles, lorsque la ville est à son apogée, des divinités de Babylone côtoient des divinités grecques ou araméennes.

L’Etat Islamique n’est pas juste une interprétation littérale ou obscurantiste de l’islam mais une véritable secte. Je le considère comme un véritable death cult, un culte de mort. Il rejette tout ce que l’Occident peut valoriser, et tout ce qui peut rassembler les Syriens de diverses religions et groupes ethniques (Arabes, Kurdes, Assyriens, Syriaques, Arméniens…) autour d’une histoire riche et partagée. Ils méprisent au plus haut point les notions de patrimoine, de vote, de Parlement, d’Etat, de citoyenneté. La culture, en dehors de la religion, pour l’EI, n’existe pas et doit disparaître. Ils cherchent à couper le peuple de ses racines. Ce sont les Khmers rouges de l’islam !

L’archéologue s’est rendu à plusieurs reprises en Syrie (...)

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