Pakistan: Le TLP appelle à la fin des manifestations contre la France

PAKISTAN: LE TLP APPELLE À LA FIN DES MANIFESTATIONS CONTRE LA FRANCE

par Asif Shahzad et Mubasher Bukhari

ISLAMABAD (Reuters) - Le parti extrémiste musulman Tehrik-i-Labaik (TLP) a appelé mardi à la fin de sa campagne anti-française au Pakistan après la décision du gouvernement d'Islamabad de solliciter un vote du Parlement sur l'expulsion de l'ambassadeur de France dans le pays et d'abandonner des poursuites pénales contre ses membres.

Le Pakistan a décidé la semaine dernière d'interdire le TLP dont les partisans ont bloqué de nombreux axes routiers et voies ferrées, attaqué les forces de police et incendié des bâtiments publics. Quatre policiers ont été tués et plus de 800 blessés durant les violents rassemblements organisés par le mouvement.

Le TLP réclame l'expulsion de l'ambassadeur français Marc Baréty en représailles à la republication l'an dernier dans l'Hexagone de caricatures de Mahomet. La France a recommandé jeudi à ses ressortissants et entreprises de quitter le pays pour raisons de sécurité.

Le TLP exige aussi la libération de son chef, Saad Hussain Rizvi, âgé de 26 ans, arrêté alors qu'il planifiait cette nouvelle campagne de mobilisation anti-française pour faire pression sur le gouvernement et inciter le Premier ministre Imran Khan à agir.

Le mouvement réclame enfin la libération de centaines de personnes arrêtées lors des manifestations, la levée de son interdiction et la démission du ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmad.

Dans une allocution télévisée lundi soir, Imran Khan a prévenu qu'une expulsion du diplomate français risquait d'être lourde de conséquences, alors que la moitié des exportations du pays vont à l'Union européenne.

Le ministre de l'Intérieur n'en a pas moins annoncé mardi que le gouvernement avait accepté, "après de longues négociations avec le TLP", de soumettre une résolution au Parlement pour qu'il se prononce pour ou contre cette expulsion.

Une résolution appelant à un débat parlementaire sur l'expulsion de l'ambassadeur a été présentée dans la journée lors d'une séance extraordinaire, puis transmise en commission.

La séance a été ensuite ajournée, malgré les protestations de l'opposition qui réclamait des détails sur l'accord passé entre le gouvernement et le TLP.

Selon le ministère de l'Intérieur, toutes les poursuites engagées au pénal contre le TLP seront également abandonnées si le TLP met fin à sa campagne.

Dans un message audio, un porte-parole du TLP, Shafiq Amini, a déclaré que le parti avait "demandé la fin de toutes les manifestations où qu'elles soient dans le pays".

A Lahore cependant, plusieurs milliers de partisans du mouvement étaient toujours rassemblés mardi devant le siège du TLP.

Les relations entre Paris et Islamabad se sont détériorées l'an dernier lorsqu'Emmanuel Macron a rendu hommage à Samuel Paty, l'enseignant assassiné en octobre par un islamiste d'origine tchétchène près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine après avoir montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. Le chef de l'Etat français avait alors défendu la liberté de blasphémer.

De violentes manifestations animées par le TLP avaient déjà eu lieu à l'automne dernier, auxquelles le parti islamiste radical avait mis fin en demandant l'expulsion de l'ambassadeur de France d'ici au mois d'avril.

(Asif Shahzad ; version française Jean Terzian, Myriam Rivet et Jean-Stéphane Brosse)