“Paisible et sauvage”, l’île de Borkum au cœur d’un projet gazier critiqué en Allemagne
Peu de Français connaissent l’île allemande de Borkum. Pourtant, celle-ci est au cœur d’un conflit qui illustre bien “la transformation radicale des conditions d’approvisionnement en énergie outre-Rhin depuis deux ans et demi”.
Si l’Allemagne n’importe plus de gaz russe en raison de la guerre en Ukraine, elle continue à importer l’équivalent de 2 000 gigawattheures depuis d’autres pays, notamment la Norvège, la Belgique et les Pays-Bas. Et selon la Deutsche Welle, elle pourrait désormais extraire du gaz de son propre sol.
“En observant avec attention le littoral de l’île de Borkum, destination très prisée des touristes, on distingue déjà les prémices des plateformes de forage au large.” L’entreprise One-Dyas est responsable du chantier. Pour l’heure, les travaux ont lieu côté néerlandais. Mais l’entreprise immatriculée aux Pays-Bas souhaite également opérer dans les fonds marins allemands.
Le projet a d’ores et déjà été validé par le Land de Basse-Saxe, pour qui il permettrait d’obtenir un gaz indispensable à l’indépendance énergétique de la République fédérale, tout en étant “plus durable que celui importé par cargo de pays lointains”.
Jouer la montre
La mairie de Borkum se montre pourtant prudente. D’après le site de la chaîne d’outre-Rhin, elle “craint de toute évidence d’écorner l’image paisible et sauvage de l’île, située en plein cœur du parc national de la mer des Wadden, inscrit au patrimoine de l’Unesco – un argument régulièrement mis en avant pour attirer les touristes”.
Des associations écologistes ont déjà dénoncé un projet qui serait “rétrograde”, en raison de ses répercussions sur l’environnement. “L’Allemagne n’a pas besoin de gaz supplémentaire, assure le représentant de Greenpeace Martin Kaiser sur le site du média de Bonn. Les forages ne sont pas conciliables avec les objectifs climatiques internationaux, et les nombreuses manifestations contre ces projets montrent bien que les gens n’en veulent pas.”
La question doit désormais être tranchée au niveau fédéral. Si le chancelier social-démocrate Olaf Scholz s’est prononcé en faveur du projet, tout comme ses partenaires libéraux, leurs alliés Les Verts semblent moins partants. Robert Habeck, ministre écologiste du Climat et de l’Économie, “tente de gagner du temps […] et souhaite désormais attendre les éventuelles actions en justice” qui pourraient être lancées par les groupes de défense de l’environnement. Ce qui pousse la Deutsche Welle à commenter : “La paisible Borkum pourrait bien faire les gros titres pendant quelque temps encore.”
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