<p>Chronique «C'est la vie»</p> - Zombies du smartphone

Même assis en terrasse, les Parisiens sont tous sur leur portable, se parlent par FaceTime alors qu’ils sont à deux pas. Pourquoi ?

Il marche tête baissée, il a failli vous rentrer dedans. Vous a évité de justesse par un instinct mystérieux. On est au bord d’un passage pour piétons, le feu n’est pas passé au vert mais, comme il n’a pas entendu de bruit de moteur, il a traversé tel un automate, le nez sur son smartphone. Il n’a pas relevé la tête depuis qu’il est sorti du métro. Il connaît le chemin par cœur, donc il avance tout droit, occupé ailleurs. À plusieurs reprises, il a frôlé l’accident, s’est fait cent fois klaxonner. Il est comme 91 % des 18-24 ans qui avouent garder le nez sur leur portable en traversant la route. Impénétrable.

C’est une nouvelle donne dans les (non-)rapports humains, je n’arrive pas à m’y faire. Il n’y a pas si longtemps, dans le métro, on n’avait pas de réseau, « ça » coupait, c’était énervant. Depuis 2020, le haut débit est partout, dans les tunnels, en station. « On a posé 3 000 antennes, annonçait la RATP, 300 kilomètres de câbles… » Résultat, le métro est devenu une immense salle de visionnage individuel. Au lieu de s’observer à la dérobée, de se parler, de regarder qui monte et qui descend, comment les voyageurs s’habillent, au lieu d’écouter discrètement les dialogues de copines, on se replie sur son 06 comme un appendice de soi. Les jeunes les premiers, qui, le nez sur leur portable, n’ont même plus l’occasion de culpabiliser quand ils ne vous cèdent pas leur place, vu qu’ils ne vous voient pas. On a tout oublié : la convivialité et les bonnes manières.

Autrefois, en marchant dans la rue, on regardait les passants, on réfléchissait, on rêvassait

Okay, les termes sonnent un peu désuet, mais les Parisiens, ces Latins de mauvais poil, ont des habitudes urbaines. Ils n’ont pas leurs yeux dans la poche, ils(...)


Lire la suite sur Paris Match