Pétrole aux enchères : quand la RDC brade ses ressources

NANNA HEITMANN / NYT

La République démocratique du Congo (RDC), qui abrite l’une des plus grandes forêts tropicales primaires au monde, a mis aux enchères [le 28 juillet] de vastes parcelles de terrain dans l’espoir de devenir “le nouvel eldorado des investissements pétroliers”.

Ces parcelles, destinées au forage pétrolier et gazier, s’étendent jusque dans le parc national des Virunga [dans l’est de la RDC], la plus importante réserve naturelle de gorilles au monde. Mais aussi dans des tourbières tropicales qui absorbent des quantités considérables de carbone, l’empêchant ainsi d’atteindre l’atmosphère et de concourir au réchauffement climatique.

“Si ces régions sont transformées en zones de forage, il faut s’attendre à une catastrophe climatique mondiale, face à laquelle nous serons impuissants”, met en garde Irène Wabiwa, qui supervise depuis Kinshasa les campagnes de Greenpeace pour la forêt du bassin du Congo.

Un revirement mondial

C’est un revirement complet. Huit mois seulement après la participation du président [congolais], Félix Tshisekedi, à la COP26 de Glasgow et la signature d’un accord sur dix ans pour la protection de la forêt tropicale du bassin du Congo – deuxième poumon de la planète après la forêt amazonienne –, le gouvernement donne son feu vert à de nouveaux forages pétroliers au beau milieu d’écosystèmes fragiles.

L’accord prévoyait, sur les cinq premières années, des investissements internationaux à hauteur de 500 millions de dollars [493 millions d’euros] à destination de la RDC, l’un des pays les plus pauvres du monde. Mais, depuis sa ratification, la communauté internationale a redéfini ses priorités immédiates.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait s’envoler le cours du pétrole et a conduit Américains et Britanniques à déclarer des embargos [à plus ou moins long terme] sur le pétrole et le gaz russes. [Il y a quelques semaines,] les Européens ont quant à eux adopté un plan de réduction volontaire de la consommation de gaz au sein de l’Union.

En parallèle, la Norvège, connue pour être l’un des chefs de file de la protection des forêts, augmente sa production de pétrole et envisage de réaliser de nouveaux forages en mer. Joe Biden, qui s’était engagé au début de son mandat à sortir le monde de sa dépendance aux combustibles fossiles, s’est récemment rendu en Arabie saoudite, où il a demandé une hausse de la production pétrolière.

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